Nos disparus a pour cadre le Mississippi, ce fleuve emblématique d'une époque révolue qui voyait sur ses eaux remonter de la Louisiane jusqu'au Kentucky les magnifiques bateaux à vapeur pour des croisières-dancing rythmées par le Jazz. C'est aussi les années 20, une période charnière de l'entre-deux-guerres dans laquelle les villes en expansion, comme la Nouvelle-Orléans, côtoient les bleds paumés des bayous, des zones reculées toujours ancrées dans le XIXe siècle et où l'on croise encore d'anciens combattants de la Guerre de Sécession. Ainsi, on se balade dans ce roman autant en bateau, en train qu'à cheval. Véritable témoignage du passé, l’œuvre de Tim Gautreaux est aussi une aventure humaine hors du commun. Il y explore le destin des hommes au retour de la guerre, la force des liens du sang, la culpabilité et les risques occasionnés par le besoin de vengeance. Le personnage de Sam qui s'improvise détective tient autant de l'acceptation passive de son destin (lui qu'une petite fille française a surnommé « Lucky ») que de la remise en question de ses décisions quand elles s'avèreront mauvaises. Mais il lui faudra du temps pour cela et nul doute que dans les multiples trajets qu'il aura à parcourir, on y décernera les méandres de la vie.
Autre intérêt de ce roman : il ne se termine pas à la résolution de la disparition de Lily. Gautreaux explore les conséquences de cette aventure sur le destin des personnages. Ainsi peut-on encore avoir un aperçu de leur vie après que leurs destins soient à priori scellés. Une œuvre littéraire incroyablement touchante !

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