Le camp des morts fait suite à la première aventure du shérif Walt Longmire apparu dans Little Bird. Il est à la hauteur du premier roman et sans aucun doute encore meilleur. Little Bird nous projetait au cœur du Wyoming, état que Craig Johnson connait bien puisqu'il y vit, et mettait en place un certain nombre de personnages récurrents et les décors des Hautes Plaines et des Black Hills. Ce premier tome était peut-être un peu lent et long mais plantait une atmosphère particulièrement dépaysante dans laquelle il était plaisant de se plonger. Et ce que nous espérions voir dans le second volet s'est confirmé. Des personnages qui gagnent en profondeur, une histoire légèrement plus courte mais très dense en fausses pistes et rebondissements et surtout cette Amérique profonde tiraillée entre modernisme, culture locale, tradition et Histoire.
C'est l'Amérique des petits boulots, des brassages culturels et raciaux, des indiens, celle aussi des grands espaces, des climats secs et froids l'hiver, torrides l'été. Vous l'aurez compris, Craig Johnson réinvente le roman de terroir à l'américaine, ce que l'on peut aussi aisément appeler le « western moderne ». Il partage d'ailleurs cet état du Wyoming et ce style littéraire avec un autre écrivain américain C.J. Box. Toutefois si l'on devait définir les romans de Craig Johnson, je dirai volontiers qu'ils se situent entre l'approche ethnologique d'Hillerman et la profondeur intimiste de James Lee Burke, et son personnage Dave Robichaux. Même si ce dernier est profondément plus atteint dans son cœur et son âme et que l'alcool lui est malheureusement un recours destructeur, il a en commun avec Walt Longmire, une expérience de la vie et un passé lourd de secrets et de silence. C'est ce que laisse en tout cas deviner Le camps des morts où l'on retrouve un shérif près de la retraite mais que les deux affaires consécutives (un seul mois sépare la première enquête de Little Bird et la seconde) ont beaucoup affaibli émotionnellement.
On retrouve son adjointe Vic, sa secrétaire Ruby et son meilleur ami, l'indien Henry Standing Bear (Henry Ours Debout) et en nouveau personnage apparu dans ce volet : sa fille Cady.

📺 Une série TV a été tirée des aventures de Longmire. Elle comporte 6 saisons (2012-2017)

QUELQUES REPÈRES GÉOGRAPHIQUES

La ville de Durant ainsi que le comté d'Absaroka sont fictifs. Toutefois, il n'est pas trop difficile d'identifier la petite ville de Buffalo, siège du Comté de Johnson.
Lorsque le Camp des  morts est paru en France, peu de monde connaissait encore Craig Johnson. Il n'y avait donc rien de bien creusé dans les articles qui étaient consacrés à ses (deux premiers) romans.
Je m'étais donc amusée, grâce à Google Earth, que j'affectionnais déjà beaucoup ;), à tenter de trouver les lieux de l'action. Lorsque j'ai rencontré pour la première fois Craig Johnson, lors de sa venue dans notre ancienne librairie, il avait été bluffé par mes recherches, qu'il avait validées avec un grand plaisir étonné.
J'ai pour cette republication été chercher des vues plus récentes et de meilleure qualité. Voici donc ce qu'il en est.

La photo ci-dessous utilisée pour mon article de 2010 représente la Billings Clinic, annexe de l’hôpital de Shéridan un peu au nord de Buffalo, très souvent citée dans le récit. Toutefois, il m'est impossible aujourd'hui de retrouver l'endroit pour mettre à jour cette photo. En effet, il y a aujourd'hui plusieurs Billings Clinic, la plus grande à Cody à l'ouest de Buffalo. Aucune ne ressemble (plus) à cette capture d'écran de l'époque. Donc pour mémoire.

Le second décor d'arrière plan des romans, c'est la Powder River qui s'écoule sur des kilomètres du Montana au  Wyoming. Cette rivière se sépare en plusieurs bras et ces couleurs peuvent être des plus verdoyantes aux plus pales selon la sécheresse ou la verdure environnante.

POÈME BASQUE

On découvre aussi qu'une grande population basque, française et espagnole, a émigré dans les années 1900 dans le Wyoming. Un poème basque de Gabriel Aresti (1933-1975) est évoqué dans le roman : Nire aitaren etxea defendituko dut (Je défendrai la maison de mon père). Cliquez sur le lien pour lire l'intégralité du texte avec sa traduction en français.

LA BANDE ORIGINALE DU ROMAN

Le camp des morts se passe à la veille de Noël et quelques christmas songs traditionnels viennent jalonner les pages. Les liens renvoient vers Youtube.

• Fred Waring & His Pennsylvanians Ring Those Christmas Bells (1959)
• Dean Martin Silver Bells (1966)
• Dean Martin Winter Wonderland (1959)
• Gene Autrey Rudolph, The Red-Nosed Reindeer (1949)

📚Craig Johnson Le camps des morts (Death Without Company, 2007) • Points Policier ou Gallmeister

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