👽📚 HENRI DE PARVILLE - UN HABITANT DE LA PLANÈTE MARS (1865)

👽📚 HENRI DE PARVILLE - UN HABITANT DE LA PLANÈTE MARS (1865)

PRÉSENTATION

Le vendredi 17 juin 1864, dans le journal de l'Empire Le Pays, paraît un fort curieux article, intitulé Un habitant de la planète Mars, signé « Pour extrait. A. Lomon ». A. Lomon est à l'époque un journaliste qui signe les dépêches internationales, en particulier ayant trait à la guerre de Sécession. Cet article, qui ne pourra pas ne pas vous rappeler l'affaire de Roswell, relate la découverte, aux États-Unis, près du Pic James, d'un aérolithe et de son occupant, provenant de la planète Mars. On peut facilement imaginer l'effet que produisit cet article. Ce canular, présenté le plus sérieusement du monde et que n'aurait pas désavoué Orson Welles, se prolongea pendant six mois, et aboutit finalement à la publication du présent livre en avril-mai 1865, aux éditions Hetzel (l'éditeur de Jules Verne). Ce roman est le premier écrit d'importance, à notre connaissance, concernant l'ufologie moderne, qui n'est en fait pas si moderne que cela puisque ce texte a été écrit, il y a plus de 150 ans.


L'histoire (Côte martienne ♦♦♦)
Le 16 juin 1864, l'auteur reçoit une étrange missive : « Une découverte scientifique d'une importance capitale vient d'être faite dans le pays des Arrapahys à plusieurs milles du Pic James. » Il raconte avoir reçu de mystérieuses lettres d'Amérique, à propos de la découverte d'un aérolithe de 45 yards qui contenait une cavité où l'on avait trouvé le corps calcifié d'un martien, et divers objets métalliques. Le corps montre de nombreux traits communs avec celui des humains, et les scientifiques en concluent que la vie sur Mars doit être semblable à celle sur Terre.
Le roman est prétexte à de copieuses explications sur la science de l'époque, puisqu'il consiste pour l'essentiel en un compte rendu d'un colloque. Finalement, l'hypothèse la plus probable est que le martien, qui a voyagé sur Terre avec sa tombe, était enseveli sur sa planète natale (peut-être au sommet d'une montagne) et qu'une chute de météorite l'a projeté dans l'espace, d'où il est retombé sur Terre.
 

Roman conjectural et didactique qui porte sur la découverte en Amérique, près du pic James, d’un extraterrestre calcifié dans son tombeau. Enveloppe mortuaire de silicate qui renferme aussi des amphores métalliques, des bâtonnets d’alliage similaire et une rondelle d’argent gravée de signes inconnus.
Passé les premières pages qui décrivent le soudain engouement des scientifiques, de la presse et de la population, l'ensemble est un très bon résumé des sciences de l'époque qui ferait pâlir Jules Verne.
En effet, plusieurs spécialistes en tout genre, géologues, astronomes, ethnologistes, zoologistes… se réunissent durant plusieurs jours pour extrapoler l’origine de l’extraterrestre. Car il faut encore déterminer sa provenance, son niveau d’intelligence ainsi que la façon dont un aérolithe trop petit pour être habité a pu être propulsé sur Terre à la période reconnue du paléolithique : « Très certainement il était en place, quand la Cordillère, en se soulevant, a relevé les couches voisines. »
Au cours donc de cette commission de savants, chacun tente selon sa spécificité de faire valoir ses hypothèses. Et l'on se met assez vite d'accord sur la provenance martienne de l'aérolithe.
D'abord l’origine non-terrestre est appuyée par le géologue qui démontre que « le vernis noir et épais qui entoure la masse indique des traces de fusion, et la roche n’a pu se fendre que par suite d’un long voyage à travers l’atmosphère et à une vitesse énorme. Donc son origine n’est pas terrestre. »
Des schémas astronomiques trouvés près de la momie et décrivant les différentes planètes de notre système solaire confirment cette assertion. On y ajoute une touche psychologique en observant que la planète correspondant à Mars est dotée d'un diamètre plus important comme représenterait n'importe qui son pays, par amour propre.
De plus, l'on affirme que seul un astre possédant une chaleur propre, à sa surface, inférieure à 100 degrés et supérieure à 30 degrés au dessous de zéro saurait entretenir la vie. Et le calcul des différentes masses de chacune des planètes installe Mars dans sa légitimité. On admettra même que Mars, en avance sur la Terre s’est déjà considérablement refroidie et que si elle a été habitée, c’était il y a très longtemps, alors même que l’homme n’existait pas encore. Et si des êtres y vivent encore, ils appartiennent désormais, « dans l’échelle organique, à un rang plus élevé que l’homme actuel de la terre. » Mais « la vie y est plus rapide, l’être moins susceptible de perfectionnement. » À l’arrivée de l’aérolithe, « Mars pouvait bien être à cette époque dans la phase d’évolution qui correspond environ à celle actuelle sur terre. »

Reste à savoir comment cette tombe, car personne ne doute non plus que cela en soit une, ait pu parvenir jusqu’à nous. L’analyse de gravures permet déjà une approche de l’être. Car même si les dessins semblent incomplets, on y devine une montagne, des êtres au physique identique à l’extraterrestre et ceci ajouté aux amphores présentes çà et là, accorde chacun à dire qu’il devait s’agir d’un haut personnage, peut-être un roi, porté aux nues par ses semblables dont on aura placé le tombeau au plus près des étoiles. La symbolique du geste laisse même supputer qu’il puisse s’agir d’un grand astronome et les schémas des planètes viendraient alors appuyer cette hypothèse. « Les habitants de Mars ne se doutent certainement pas que nous ayons sur terre leur Newton ou leur Képler. » Mais alors, comment ce bout de montagne a pu être propulsé hors de l’atmosphère martienne.

Illustration de Riou pour l'édition originale

Illustration de Riou pour l'édition originale

Il est évidemment vite exclu que des objets puissent, par simple attraction d’un astre sur un autre, passer dans une planète voisine. Il faut donc admettre « qu’un bolide comme ceux qui traversent le champ d’action de la terre ait passé à une époque très reculée tout près de Mars, assez près même pour frôler le sommet des montagnes. Le bolide devient un boulet d’une force énorme qui casse et enlève tout sur son passage. »
La suite est un cours d’astrophysique expliquant la trajectoire possible de l’aérolithe vers la Terre. Et à un anatomiste distingué de conclure en ces termes : « Je m’incline devant la destinée, et je remercie Dieu de nous avoir choisis, nous ses humbles créatures, pour apprendre au monde terrestre, que nous ne sommes pas isolés dans l’espace et que chaque astre qui brille au ciel est une nouvelle oasis de vie et d’éternelle création. »
Toutefois, le roman, écrit sous forme de lettres, finit de façon habituelle pour l'époque, sur l'hypothèse qu'il ne s'agissait que d'un rêve, le narrateur ayant composé lui-même les lettres par écriture automatique.

Ce qui suit est un extrait du site 👉 Spiritisme et Planète Mars : Des martiens dans Mars

Pour écrire ce livre, De Parville possédait une abondante documentation qui traitait de l'origine des espèces, de la transformation des êtres, de la pluralité des mondes, etc. Mais les résumés scientifiques qui jalonnent le texte sont souvent des prétextes à toute sorte d'extrapolations. Le martien appartient visiblement à une race de primitifs (il n'est pas anodin que la momie ait été retrouvée au pays des Indiens, l'aérolithe reflétant de manière spéculaire son environnement) car parmi les thèmes de De Parville il est évoqué que le degré de développement des populations, et le destin des races, dépendent de l'état du sol : « Allez habiter les terrains modernes, perfectionnement. Restez sur place, fixité. Gagnez les régions primitives, dégénérescence. » Certains voient dans ce texte le thème de la race mourante à rapprocher avec le thème de la race antédiluvienne. Que les ultimes martiens soient des primitifs demeurés en l'état ou les représentants exsangues de races ultra-raffinées, leur fin est inéluctable. Primitifs, ils ont fait leur temps, ils sont des fossiles vivants, comme les néandertaliens des romans préhistoriques de Rosny. Ultra-développés, ils sont arrivés au terme de leur évolution naturelle et sont devenus trop délicats pour survivre. Ce double fantasme, celui de la brute primitive d'une part et, d'autre part, celui un être éthéré et phtisique, qu'on admire comme une œuvre d'art mais qui est fragile comme elle, situe l'européen dans un juste milieu : il est civilisé mais pas trop. Sa supériorité sur la brute primitive est évidente. D'un autre côté, il a conservé un caractère suffisamment viril pour conquérir de nouveaux territoires, tenir en respect leurs indigènes et leur imposer, par la manière forte, les progrès de la civilisation.

Autres sujets évoqués : L'infiniment petit, l’infiniment grand, la théorie du Big Bang, le créationnisme, l’apparition de la vie...
 

DESCRIPTIONS MARTIENNES

(*Les textes en italique sont extraits de l’œuvre)


• Mars : densité quasi équivalente à celle de la Terre en raison de son probable refroidissement, pesanteur : plus petite que la celle de la Terre, rotation 24 heures. Montagnes de glace, océans, continents. Saisons.
• Faune et flore : des palmiers, des animaux dont une sorte de rhinocéros. Des organismes inférieurs également comme des amibes vivants dans les eaux.
• Martiens : il y a longtemps ils étaient les homologues des terriens en termes d’évolution. Leur physionomie est la suivante : 1m35, de longs pieds étroits, une peau légèrement poilue qui doit être jaune ou brune tirant sur le rouge, peut-être des cheveux, un cerveau triangulaire, un visage tenant à la fois du singe, de l’homme et de l’éléphant avec une sorte de trompe en guise de nez, une petite bouche à grosses lèvres avec trois dents en bas et deux en haut, tel le museau d’un rongeur, un long cou sur des épaules étroites, des bras longs de 80cm avec des mains de 30cm, cinq doigts effilés et pointus, le quatrième étant plus court que les autres. Actuellement les nouvelles espèces doivent correspondre aux futurs habitants terrestres.
• Connaissances : langage, écriture, dessin, astronomie, mathématiques
• Méthodes d’inhumation des morts : On creuse dans la roche une cavité où l’on installe le mort que l’on recouvre d’un bain chargé de sel afin de provoquer sa fossilisation, le résultat rappelant les vieux sépulcres qui ornent nos chapelles des basiliques. Les concrétions calcaires font sculpture et la momie elle-même statue.
 


François Henri Peudefer de Parville Un habitant de la planète Mars ♥♥♥ (1865) • Hetzel
Le livre est en téléchargement gratuit en .pdf sur
 👉 Gallica ou en epub sur 👉 Le Bouqueneux
 


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K
Il est excellent cet article ! Merci pour cette présentation. Et le livre aux éditions Hetzel, qu'il est beau !!
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E
Merci. Et tu peux le lire. De mémoire c'est très aéré comme texte.