👽📚 JOHAN HÉLIOT - LA GUERRE DES MONDES N'AURA PAS LIEU (2010)

👽📚 JOHAN HÉLIOT - LA GUERRE DES MONDES N'AURA PAS LIEU (2010)


L'histoire Cote martienne ♦♦♦
Londres, 1887. Le jeune Herbert G. Wells rêve de devenir écrivain. Mais il est régulièrement refoulé par les éditeurs. Il décide alors de partir pour l'Amérique avec sa fiancée Isabel. On dit que là-bas, tout à l'ouest, se trouve une cité idéale, Icaria, née des préceptes de l'utopiste français Étienne Cabet. À l'heure des prouesses industrielles, ils embarquent sur un de ces gigantesques paquebots qui se lancent dans les grandes traversées transatlantiques pour débarquer à New-York où la construction des premiers gratte-ciels est bien amorcée. Mais durant la traversée, un incident* a provoqué la mort prématurée d'un couple d'irlandais avec qui ils avaient sympathisé. Wells décide de prendre en charge les trois orphelins que leurs parents laissent derrière eux. Un quatrième enfant viendra agrandir la famille Wells : un petit noir, gamin des rues. Empruntant ensuite un train qui les transporte sur les traces des chercheurs d'or, ils arrivent enfin à San-Francisco, ville en plein essor. Mais là, ils apprennent que la communauté icarienne a été dissoute n'arrivant pas à être totalement auto-suffisante et bien trop endettée. C'est à cet instant précis qu'Astor, un martien venu du futur débarque dans son gigantesque tripode. Il est venu prévenir les hommes d'une catastrophe imminente : une grande invasion se prépare, qui menace d'éliminer la race humaine.
             *Authentique : Ils sont à bord du « SS Celtic » de la White Star Line qui se heurta le 19 mai 1887 au « Britanic », faisant passer par dessus bord six passagers.
 

Quel plaisir donc d'entrer dans cette histoire bourrée d'aventures, d'actions, d'humour et de rebondissements. Du pur divertissement où l'équilibre des genres est extrêmement bien maîtrisé.

Johan Héliot rend hommage à deux figures emblématiques de l'imaginaire martien : Herbert G. Wells et sa Guerre des mondes et Edgar Rice Burroughs et son personnage John Carter issu du Cycle de Mars qu'il transporte à nouveau vers Barsoom. À cela s'ajoute un cadre propice aux aventures extraterrestres : Roswell au Nouveau-Mexique et une interaction inattendue avec l'inventeur de la fée électricité, Thomas Edison. On peut également évoquer une autre référence cinématographique : Stargate, la porte des étoiles et toute une mythologie ufologue qui voit en certains peuples indigènes des porte-paroles, des passerelles psychiques entre la Terre et des mondes lointains. Ce lien qui unirait les indiens d'Amérique aux martiens ou autres extraterrestres, est une idée déjà évoquée dans la série TV X-files. Il propose aussi la possibilité d'une Atlantide comme utopie dans laquelle vivaient terriens et martiens en parfaite harmonie. Enfin, les descriptions de Mars dans un style très poétique ne sont pas sans rappeler un autre martien : Ray Bradbury.
Ce roman d'aventure palpitant ne laisse guère la place aux diatribes trop profondes. Johan Héliot recrée néanmoins, grâce à des petits détails distillés dans le texte (Icaria, Castle Garden, le « SS Celtic », le chemin de fer, les mormons de l'Utah, Henri Becquerel...), un roman d'époque tant dans le style que dans l'atmosphère. Quant à Barsoom (nom donné à Mars et à sa ville principale par E.R. Burroughs), l'écrivain la fait renaître de ses cendres avec un plaisir non dissimulé. « Un petit pas pour mon cheval, mais un grand bond pour l'armée des États-Unis ! » On notera que les martiens sont ici des humanoïdes au faciès roswellien (à l'image des petits-gris, bien qu'ici ils soient grands) plus que wellsien. Enfin, l'écrivain a su, avec un talent particulier, entremêler imaginaire et réalisme scientifique. C'est très subtile, mais il corrige des à priori d'époque en les faisant réfuter par un martien du futur. Ainsi, les canaux sont bel et bien des fantasmes, tout au moins au moment où Giovanni Schiaparelli les observe pour la première fois.
Pour conclure, c'est pour l'instant le meilleur roman français que j'ai lu en rapport avec Mars. Oui, oui. Je n'ai pas encore lu Le cycle de Mars (même si j'en connais les grandes lignes) et ai vu d'un œil déconcentré l'adaptation cinématographique pour pouvoir émettre une opinion sur les références exploitées par Johan Héliot. Cet article fera donc l'objet d'une mise à jour quand j'aborderai enfin l’œuvre de Burroughs.

Récapitulation des raisons de mon engouement :

  • le style enlevé et saupoudré d'humour à la façon des feuilletonistes de la fin 19e, début 20e. Vous n'aurez donc jamais de diatribes interminables même lorsqu'on parlera d'utopie, de paradoxe temporel ou d'injustice sociale. La profondeur et la réflexion sont délaissées au profit unique du divertissement et croyez-moi, de temps en temps ça fait du bien !
  • les hommages aux genres de la  scientific romance (qu'on appellera ensuite : science-fiction) dont H.G. Wells est un des meilleurs représentants, l'aventure, le romanesque, le western.
  • les références : à Wells, bien sûr, puisqu'il en est le héros (avec ses martiens et son voyage dans le temps). à Jules Verne (on pense ici au Tour du monde en 80 jours et Voyage au centre de la terre) par qui de nombreux lecteurs sont arrivés à la littérature d'aventure, à une figure emblématique du roman populaire, celui de la femme, rarement farouche, toujours prête à suivre son fiancé partout, faire-valoir qui révèle bien souvent un esprit aventureux (et cela se termine souvent par leur mariage à la fin), aux pastiches en tous genres y compris cinématographiques avec un côté western-spaghetti magnifiquement illustré ici par trois lascars peu recommandables à qui il arrivera bien des mésaventures.
  • l'imaginaire martien : La guerre des mondes de H.G. Wells (çà c'est déjà dans le titre) mais aussi John Carter (le Cycle de Mars) de Edgar Rice Burroughs, figure emblématique du genre qu'Héliot fait revivre en lui donnant un rôle prépondérant ; sans oublier un endroit qui ne cesse d'attirer les foules : la ville de Roswell, sur quoi l'auteur nous révèle quelques secrets bien gardés.
  • l'époque : fin 19e, avec, agréablement distillés, des détails qui ajoutent au dépaysement : c'est l'heure de la conquête de l'ouest, et d'un Eden convoité avec en décor les ruelles encore boueuses de San-Francisco, des prouesses industrielles avec ces gigantesques paquebots qui se lançaient dans les grandes traversées transatlantiques (l'ombre du Titanic plane), la construction des gratte-ciels à New-York, l'arrivée de l'électricité, (on croisera d'ailleurs aussi Thomas Edison).

Descriptions martiennes

(*Les textes en italique sont extraits de l’œuvre)


• Armes : en forme d'entonnoir, lançant des rayons de feu.
• Atlantis : « Cité idéale où Terriens et Martiens devaient vivre en parfaite harmonie », construite il y a 10000 ans. Mais après avoir acquis les connaissances martiennes, les Terriens ont voulu s'approprier la ville et se servir de leurs nouvelles aptitudes pour conquérir le monde entier. Les martiens ont préféré sacrifier leur rêve d'utopie en détruisant l'Atlantide plutôt que de laisser les terriens s'emparer du Cœur de Mars.
• Barsoom : surnom de la planète Mars mais aussi sa ville principale. 1ère civilisation : avant la découverte du Cœur de Mars qui permit la construction de la civilisation, les martiens vivaient dans les galeries souterraines. La civilisation d'Hélium : après avoir maîtrisé le Cœur, les martiens s'installent à la surface et bâtissent Barsoom : faite de verre, de pierre et de métal. « Pyramides, temples et palais côtoyaient des immeubles d'une hauteur vertigineuse ». Rangées de colonnes, frontons sculptés, statues.
• Canaux : découverts en 1877 par l'astronome italien Giovanni Schiaparelli pensant y voir des mers, des lacs et des rivières. Mais il ne voyait là qu'un reflet de ses désirs. L'eau est trop rare et prisonnière sous les calottes polaires pour pouvoir engendrer de tels canaux.
• Climat : doux le jour, froid la nuit.
• Cœur de Mars : bloc de cristal hautement radioactif enfoui dans les entrailles de Barsoom dont sont extraits les globes d'énergie qui alimentent les machineries martiennes et permettent le voyage spatial et temporel. De génération en génération des Gardiens se succèdent pour le protéger. Quand ils meurent leur esprit est transféré dans les tripodes.
• Communication : psychique entre Mars et la Terre
• Cosmopolis : ville martienne fondée sur les ruines de Barsoom par H.G. Wells sur les préceptes de l'utopie. La ville est munie d'une pompe à eau. Jardins, prés.
• Invasion : Ils cherchaient à la fois une terre d'exil et à aider les humains dans leur évolution. Ils ont bâti Atlantis dans l'espoir d'y migrer pour fuir les rudes conditions d'existence sur Mars. Après sa destruction, ils ont abandonné la Terre mais ont gardé contact avec les descendants de ceux qui s'étaient rangés à leur côté : les peaux-rouges.
• Mars : oxygène grâce à un bouclier qui le maintient captif.
• Métissage : Astor fils du terrien John Carter et de la martienne Dejah Thoris
• Martiens : humanoïdes, grands, élancés. Une grosse tête sur un cou fin. Peau cuivrée et nuancée de rouge. Chair luminescente. Toutes petites lèvres, pommettes saillantes, nez fin, yeux très larges, front haut.
• Mutants : après une présence prolongée près du Cœur de Mars : défenses de chaque côté de la bouche, squame verdâtre sur le visage, plusieurs mains griffues jusqu'à quatre. « Hybride de porc sauvage et d'humain ». Les gardiens du Cœur ont un esprit de groupe.
• Métempsychose : « Théorie selon laquelle une âme échappée de son corps peut se réincarner dans une autre mais après la mort du sujet. » Moyen utilisé par John Carter pour se rendre sur Mars.
• Mission martienne : libérer la princesse de Barsoom et découvrir ce qu'est la mort lente qui a décimé le peuple d'Hélium, s'emparer du Cœur de Mars pour pouvoir maîtriser le temps.
• Paysage : désertique, rocailleux, poussière ocre, crépuscule orangé
• Portes : points de passage entre la Terre et Mars. Les plus connues sont celles de Teotihuacan et de la disparue Atlantis. Une autre, découverte lors des travaux du chemin de fer, est abritée dans la base militaire de Roswell. Son besoin d'énergie est tel qu'un complément psychique apporté par les indiens est nécessaire pour la maintenir ouverte.
• Pouvoir : Télépathie
• Ressources : Cœur de Mars, eau sous les calottes polaires
• Roswell : Roswell (sur Terre), base militaire, entièrement électrifiée par Thomas Edison, qui cache dans ses sous-sols une porte vers Mars. Elle est dirigée par le Colonel John Carter, seul humain à être allé sur Mars dans le passé en pratiquant la métempsychose.
• Technologie : voyage temporel, voyage spatial, cryogénisation 1
• Vaisseau : tripode : à la fois un vaisseau et une armure de combat. Un corps de substitution pour les Gardiens du Cœur dont l'esprit est transféré à bord, dans un fragment du Cœur, pour en prendre le contrôle. Est surmonté d'une sphère pouvant monter ou descendre sur ses pieds télescopiques et se rapprocher du sol pour libérer un escalier et rendre accessible l'intérieur de l'engin. Elle fonctionne grâce à l'énergie d'un globe de cristal en suspension entre sol et plafond. Ils sont propulsés de Mars par un canon, enveloppés dans un cocon protecteur qui se désintègre en entrant dans l'atmosphère.
• Villes : la cité idéale d'Atlantis (sur Terre). Roswell (sur Terre), Barsoom. Cosmopolis
 

 


Crédits Textes images ©2013-2022 Erwelyn - Publié en août 2013 sur l'ancien blog Culture Martienne et mis à jour en mars 2022 - Ne pas reproduire sans autorisation

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Commenter cet article

T
Celio-là, j'hésite à le lire en juillet dans le cadre du "Mois Wells", ou me le carder dans un coin en attendant mars 2023 et une deuxième édition de challenge martien!<br /> (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
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