15 Février 2025
L'article suivant a été écrit en préparation du podcast Les Duos de la Playlist de l'Enfer #04 : Sur Mars consacré à deux films martiens : Total Recall de Paul Verhoeven et le présent Life on Mars. Je vous invite à écouter nos échanges entre David, le Grand Maître des Ninjas et moi-même. Il va de soi que ces derniers sont plus complets que l'article qui suit.
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L'histoire
C’est l’histoire de Remmi une fillette de 9 ans installée avec ses parents sur Mars. Ils vivent dans une ferme isolée et tout pourrait sembler paisible malgré la rudesse de leur vie, si un jour ils n’étaient attaqués par de mystérieux individus. Durant la confrontation, Reza, le père de Remmi est tué. Un des assaillants survivant, Jerry, revendique la ferme. Elle a appartenu à ses parents et la famille de Remmi leur aurait volée après les avoir tués. S’ensuit une cohabitation compliquée entre Jerry et Remmi et sa mère Ilsa.
C’est un film indépendant, à petit budget réalisé par Wyatt Rockfeller pour qui c’est le premier long métrage. Il a été tourné en Afrique du Sud à la frontière namibienne dans un endroit totalement isolé avec les aléas de la météo : chaleur, tempêtes de sable et même inondation dans cette zone où il ne pleut quasiment jamais et que la terre n’est pas à même d’absorber une soudaine pluie violente.
Sa situation est idéale autant pour son paysage naturel qui ressemble à l’environnement martien, mais aussi pour la mise en condition des acteurs qui ont dû subir la même hostilité environnementale que leurs personnages.
La planète Mars a été choisie par analogie avec la conquête de l’Ouest américain. C’est en effet, une histoire d’immigrants qui cherchent à se construire une vie meilleure dans un milieu hostile après avoir fui la Terre.
Le contexte est distillé tout au long du film au travers des rares dialogues. Reza, le père, raconte à Remmi qu’il n’a jamais vu sur Terre d’éléphant ou de baleine. Entre Ilsa, la mère, et Jerry, quelques mots nous apprennent que la plupart des tentatives de colonisation de Mars ont échoué. Il y a eu des villages, des villes même, mais aussi des guerres qui ont fait tout avorter.
On peut également parler de huis-clos à ciel ouvert. On ne sort jamais du terrain de la ferme assez grand néanmoins pour permettre des vues à 380° degrés. Au-delà, on ne voit rien. Y a-t-il d’autres fermes et d’ailleurs d’où venaient Jerry et ses acolytes ? la réponse on la devinera lorsque Remmi ira s’aventurer jusqu’à un tunnel qui donne sur l’extérieur de leur espace terraformé.
Malgré cette unité de lieu, liée à la restriction de budget, le directeur de la photographie, Willy Nel, fait un super travail avec des prises de vues magnifiques de ce désert naturellement rose-orangé.
En plus d’être une sorte de western martien, The Settlers est aussi un drame humain et psychologique très réaliste à la fois par l’interprétation des acteurs, que par les dialogues. Ceux-là sont assez rares. Il y a beaucoup de moments de silence qui ajoutent de la tension ou parfois de la contemplation mais surtout, surtout, les actes meurtriers qui vont avoir lieu sont tous hors champs, au point même que le spectateur se retrouve dans l’attente de savoir qui, qui va sortir vivant d’un bâtiment. On vit des moments suspendus.
Ce n’est pas un film bourré d’action, mais les quelques scènes, soudaines, sont prenantes. L’attaque du début vous scotche. Ensuite, il y a la scène d’intrusion qui rend l’espace de vie particulièrement angoissant. D’ailleurs, une scène – certes courte - dans les couloirs en rappelle une autre dans les couloirs du Nostromo dans Alien de Ridley Scott. Film que Rockfeller affectionne. Et il y a LA scène de tentative de viol. Cette scène est horrible bien que prévisible, impardonnable bien que compréhensible dans ce contexte d’isolement dans lequel Jerry ne voit comme espoir que la sauvegarde de l’espèce humaine.
Notons, qu’il y a une petite source de lumière qui a été intégrée par le biais du personnage du robot Steve. Sa place est importante dans ce monde de solitude. Même quand il est détruit, le simple fait que Remmi le reconstruise est une démarche positive. C’est au fond le seul visage « souriant », et le faire disparaître définitivement aurait été encore plus sombre, triste et déprimant. [Quand il est laissé seul pour s’occuper de la ferme, cela m’a fait penser à une nouvelle - dont le titre m'échappe - de Ray Bradbury dans laquelle, après que la terre ait été vidée de toute humanité, les robots par automatisme continuent à effectuer les tâches qui leur ont été attribuées par les hommes.]
Remmi est interprété quand elle a 9 ans par Brooklyn Prince (Florida Project), puis adulte par Nell Tiger Free (Trône de fer).
Ilsa, la mère est jouée par Sofia Boutella, actrice et danseuse franco-algérienne qui a la cote à l’international depuis quelques années.
Jonny Lee Miller, le père, est surtout connu pour son rôle de Sherlock Holmes dans la série Elementary.
Et enfin Ismael Cruz Cordova, le bel Ismaël, Jerry à l’écran, il est parfait dans ce rôle ambivalent qui le plonge du côté obscur de l’humanité et qui même quand il esquisse un semblant de sourire est inquiétant. Cet acteur qui pour l’instant n’a pas fait grand-chose a trouvé là un rôle en or.
Quant à Wyatt Rockfeller, eh bien il est un membre de la célèbre famille de pétroliers, à ceci près, que lui a rompu avec la branche affairiste pour se consacrer à des activités de philanthropie dans le domaine de l’environnement. Quand le fils répare les torts du père.
• Habitats : modules assemblés dans des zones respirables sous dôme
• Mars : la planète est en cours de terraformation. Elle abrite des terriens qui ont fuit la Terre devenue invivable. On apprend (sans les voir) qu'il y a eu plusieurs implantations de villages mais que des guerres les ont détruits.
• Martiens : les terriens en exil. On ne sait pas combien d'humains ont survécu aux premières tentatives de colonisation qui se sont soldées par des guerres.
• Ressources : serres, cultures, animaux importés de la Terre
• Technologie : Les zones d'habitats sont viables grâce à des dômes terraformés. Au dehors, l'air irrespirable nécessite le port d'un masque à oxygène.
• Terraformation : elle est avancée dans les zones sous dômes car l'air est respirable. Vers la fin du film, on commence à apercevoir aux alentours de la ferme de la végétation sauvage prendre vie.
Au final, ce film que j'avais déjà vu précédemment et que j'avais trouvé juste bien, m'est apparu bien plus riche et profond à ce deuxième visionnage.
Wyatt Rockfeller Life on Mars ♥♥ (Settlers, 2021) [USA - Couleur - 1h45] avec Sofia Boutella (Ilsa), Ismael Cruz Cordova (Jerry), Brooklynn Prince (Younger Remmy), Nell Tiger Free (Older Remmy), Jonny Lee Miller (Reza).
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