Suite à ses études à Montpellier, et après une parenthèse commerçante, Alain Avesque, prend la direction du premier établissement d’insertion professionnelle par le travail du Languedoc-Roussillon. Lecteur assidu, il a toujours, peu ou prou, écrit. Attentif à la vie sociale, vigilant à la protection de la nature et du patrimoine, militant de la culture, il nous convie à la découverte de ses romans.

En ouverture, Alain Avesque pose le décor d'une région qu'il affectionne, les Pyrénées Orientales. C'est là que Rafa et Carmen, les parents de Zef ont émigré en fuyant le Franquisme. C'est précisément entre Mantet et Catllar qu'ils vont s'épanouir petitement puis pleinement. Du traumatisme de l'exil et des divers évènements historiques qui s'ensuivront, ressortira la volonté d'avancer, de vivre, mais jamais loin de la frontière (espagnole) de leur passé et de leurs souvenirs.
Une frontière que Rafa ne manquera pas de montrer à ses enfants, en rapportant les évènements de sa vie lors de leurs multiples randonnées. L'immersion dans la vie de cette famille se fait donc aussi par la géographie des lieux au magnifique paysage de montagnes, de cols, de vallées et de rivières et par le travail de mémoire.
Puis nous suivons Zef, leur deuxième enfant dans son parcours de vie. L'enfance emplie de nature et de premiers émois, l'adolescence qui pousse, en parallèle de la scolarité, à la curiosité, puis le premier âge de la nouvelle majorité, le temps du service militaire, des choix d'orientation et de l'enrichissement de l'expérience amoureuse et sexuelle.
Les chapitres égrainent ainsi les différentes femmes rencontrées par Zef. Il y a au début une sorte de précipitation à les évoquer puis ce qui entoure les relations devient aussi important. Et le partage de Zef avec ses conquêtes concernent également son besoin vital de retourner toujours à sa région. De parcourir avec elles ses belles montagnes, de les gravir jusqu'à l’essoufflement. Et si cela n'était pas encore clair pour le lecteur les beautés des lieux et des corps féminins se superposent sans qu'on sache de qui ou de quoi la métaphore est faite. Cette fusion est merveilleusement bien traduite avec une écriture parfois, qu'on jugerait d'un autre temps. Ce serait dommage. La langue est joliment employée et laisse perdurer dans nos temps d'écrits « émojiesques » de belles tournures de moins en moins employées.
Avec ça, une bande-son s'impose : 👉 Les variations Goldberg de Jean-Sebastian Bach jouées par Glenn Gould à 👉 L'Estaca, hymne catalan de Luis Llach en passant par Brassens et d'autres.
Ainsi, le roman initiatique d'un garçon découvrant la vie et sa sexualité est-il aussi une initiation au lecteur à découvrir ou redécouvrir une région, des airs et des mots de poètes disparus. Et poète, Alain Avesque l'est. Notez que les passages coquins (mot que l'auteur a employé en me présentant le livre) sont bel et bien érotiques. Mais un érotisme réaliste que j'ai trouvé approprié aux diverses situations. Et soit dit en passant, même s'il s'agit de l'expérience d'un garçon, certains émois concernent tout le monde.
Et qu'en est-il des parents dont, je rappelle, nous avons quand même suivi pendant un bon moment avant l'apparition de Zef. L'auteur de les oublie pas. Certes, ils sont plus en retrait poursuivant naturellement leur chemin, mais à plusieurs occasions, leur remise en avant permet de poser des questions intéressantes : les relations amoureuses, la liberté sexuelle, l'éveil de la consciente politique se trouvent très souvent évoquées en comparaison de la génération précédente. Y est aussi associé le travail de mémoire, je l'ai déjà dit, et d'héritage culturel, historique.
Cet ensemble d'un bel équilibre capte et n'abandonne pas son lecteur.

Alain Avesque sera en dédicace au Premier Salon du livre et de la jeunesse créative 2023 qui se tiendra à Calvisson (Gard) le 17 juin prochain au foyer communal. Organisé par l'👉 APROMICAV
 

VOYAGER AU TRAVERS D'UNE ŒUVRE

Dans ce roman plusieurs balades et randonnées sont évoquées comme une invitation au voyage.

Dans les alentours de Mantet et de Catllar

🗺 Mantet, la Baraque des Allemands, puis à l'ouest : col del Pal, et redescendre au refuge de Raz de la Carença au pied du Col Mitja. Panorama sur la Vallée de Carança et la vallée de l'Orri et au-delà Cambre d'Aze et la Cerdagne. Retour vers Prats-Balaguer. Train de Cerdagne (Le train jaune) vers Conflent.

🗺 Mantet, col del Pal, refuge du Raz de la Carança, remonter la rivière vers petits étangs/lacs au pied du col de Nou Creus. Devant le pic de l'Infern. Pic Nou Creus (2800) avec ses 9 croix scellées. Suivre crête frontière franco-espagnole jusqu'à l'Orri. Vue sur le col Nou Fonts. Sanctuaire de Nuria, sentier vers col d'En Bernat et descente vers l'Estanyol. Suivre ruisseau contrebas du lac - refuge de l'Orri. puis vers Prats-Balaguer. Train de Cerdagne.

🗺 Catllar, Refuge des Cortelets (relié par Prades, La Sacristie, et Villerach en voiture), crête du Barbet, Porteille de Valmanya, Canigou,

🗺 Pic Carlit, lac des Bouillouses :  panorama sur le lac Lanoux, sur le Puigmal D'Err, le Cambre d'Ase, le Puig Péric et le Petit Péric, le pic de la Cometa

Sur l'Île d'Ouessant où Zef passe une année

🗺 Lampaul, Chapelle de Notre-Dame-du-Bon-Voyage, Phare de Creac'h, puis longer la côté jusqu'en face de l'île Keller et retour à Lampaul.
 

🎬Alain Avesque Zef, « vert-galant » par monts et par vaux (Auto-édition, 2022)