11 Octobre 2020
Quatrième de couverture
Gabriel Lécuyer est un magicien un peu particulier, personne ne se méfie de lui... Récemment libéré de prison, il reprend le cours de sa vie : observer, attirer, tuer. Pour ses victimes, il reste Le Magicien. Son public préféré: les enfants. Un homme se méfie de lui, le commissaire Mistral. Formé à dresser le profil psychologique des tueurs en série et à les traquer, il a senti derrière ces récentes disparitions et meurtres de jeunes garçons la signature d'un même homme. Invisible, secret, insaisissable. Un magicien... Jean-Marc Souvira est commissaire divisionnaire dans la police judiciaire au sein de laquelle il exerce depuis vingt-cinq ans. Il dirige actuellement le service de la répression de la traite des êtres humains. Il s'est lancé dans l'écriture en 2004 et a coécrit le scénario du film Go fast d'Olivier Van Hoofstadt, sorti en 2008 et coproduit par Luc Besson.
Ce roman d'enquête écrit par un professionnel mérite bien une chronique élogieuse. Si ce roman ne réinvente pas le genre, il a pour principal atout une justesse incroyable dans l'analyse psychologique. Aucune caricature de personnage. Les propos, les situations, les dialogues, tout sonne inconditionnellement juste. Du commissaire au psychopathe en passant par tous les seconds rôles.
L'histoire ? Un psychopathe est envoyé en prison pour un crime complètement différent de ceux pour lesquels la police le traque. Du coup, il entre et sort douze ans après en quelque sorte incognito. Il est en fait le Magicien, un dangereux tueur d'enfants, jamais identifié et mettant à mal la police parisienne. Lorsque les meurtres reprennent, le commissaire Mistral est chargé de l'affaire. Ces deux hommes vont entamer un jeu de chat et de la souris. En passant de l'équipe de Mistral, au processus de ré-amorçage du Magicien, Souvira distille aussi certains codes du thriller. Les pensées d'un tueur en série ne sont pas dénuées d'intérêt même lorsqu'il s'agit d'un être aussi « transparent et inconsistant » que celui là. Au fur et à mesure que l'étau se resserre on peu littéralement palper le rythme qui s'accélère.
Au delà de l'enquête elle-même, ce sont les rouages d'un système que décrit l'auteur. Le travail d'équipe, les exigences hiérarchiques, les mesquineries et les jalousies personnelles, les aléas des bonnes et mauvaises pistes, celles qu'on délaisse à tort, les détails insignifiants qui changent tout, autant d'éléments qui viennent entraver ou conforter le travail des enquêteurs. Le commissaire Mistral se pose en parfait manager. Professionnel, il peut être néanmoins très souple. À l'écoute de tous, il rejette l'individualisme. Il ne néglige rien, mais peut aussi de temps en temps se tromper, piétiner, hésiter. Il s'impose aussi un équilibre familiale qui pourrait être le secret de son équilibre professionnel. Loin des super-héros télévisuels, lui et ses hommes font ce qu'ils peuvent pendant qu'un psychopathe dénué de toute conscience mais dont les traits ne sont jamais forcés, se joue d'eux, persuadé de sa supériorité.
Au final, un polar qui laisse derrière lui un vrai plaisir de lecture sans qu'il y ait de l'hémoglobine à chaque page, de flics désabusés, alcoolos, ou/et veufs. Juste ce qu'il faut d'un peu de tout sans jamais sur-jouer. Bravo.
Jean-Marc Souvira Le magicien ♥♥ (2008) • Pocket Noir
🏆 Prix des lecteurs Goutte de Sang d'Encre
Crédits images, textes ©2011-2021 Erwelyn - Article publié sur l'ancien blog de la librairie Soleil Vert en février 2011 et mis à jour en octobre 2020 - Ne pas reproduire sans autorisation
Commenter cet article