9 Octobre 2020
La truffe au ras du plancher mais doté d'une hauteur d'âme que nombre d'intellectuels lui envient désormais, le célèbre chien Saucisse, journaliste adulé, observateur critique et attentif de la race humaine, nous confie dans ce cinquième volume quelques-unes de ses réflexions sur le monde tel qu'il va. Et ça fait mal ! De par sa position privilégiée Saucisse a tout vu, tout senti, tout entendu : les promesses des hommes politiques, les ragots médiatiques, les dérapages des stars du petit écran, les délires de l'actu, les bassesses des uns, les lâchetés des autres. Et la liste est longue ! Son regard affûté et pertinent permettra sans doute un jour à nos lointains descendants de se faire une idée réaliste de ce qu'était le monde à notre époque : con, cruel et abyssal. Saucisse is watching you, l'antidote aux laveurs de cerveaux.
Saucisse était un journaliste canin au destin exceptionnel ! Né en 1998, quasiment condamné et donné pour mort dès sa prime jeunesse, il fut récupéré par la SPA qui, au prix de nombreuses opérations, lui sauva la vie. Recueilli ensuite par une confrérie d’auteurs Marseillais, il finit par rencontrer « l’homme de sa vie » Serge Scotto, avec qui il finira ses jours. À partir de 2001, fort de son expérience de la vie, de sa vision au ras des pâquerettes, il eut tout le loisir d’observer la société des hommes, ses travers, ses incohérences. Avec Serge Scotto, son traducteur officiel, il parcourait Marseille (et le reste de la France), lisait la presse, regardait le petit écran, analysait les événements du monde, l’actualité politique, tentait de réagir face à la crise, sans oublier de sentir le « fondement » de ses prochains, de renifler les trottoirs, du Vieux Port aux quartiers Nord, et d’enterrer ses os dans le jardin (on n’est jamais trop prévoyant). Son flair et sa sagacité, son sens de l’observation et sa « ouah » (voix/voie) l’avaient finalement conduit à tous les honneurs.
C’est donc en toute légitimité qu’il pouvait nous apporter son éclairage sur la société, dans des chroniques fines et acérées, à la plume légère et cinglante. Faits divers, faits de société, Saucisse et son maître nous livrèrent, entre 2004 et 2011, leurs billets d’humeur sur tous les sujets de la vie, depuis les paroles d’une chanson entraînante à l’absurdité du monde des radars-tiroirs-caisse sur l’autoroute, en passant par l’observation de toutes les curieuses façons de la race humaine. Saucisse, dans cette société qui nous surveille en nous faisant croire que nous sommes libres, veillait au grain (Saucisse is watching you), garant du bon sens et de la raison. Saucisse qui s'en est allé en 2014 laisse derrière lui plusieurs recueils de ses chroniques au style toujours vif, souvent ironique, drôle et même émouvant.
Il côtoya les plus grands, de salons littéraires en plateaux TV et sa truffe fut aussi aperçue dans Secret Story. Il se soumit à toutes les frasques photographiques possibles et passa sur les genoux et dans les bras d'une multitude de célébrités du show-bizz : comédiens, chanteurs, écrivains, journalistes, réalisateurs mais aussi de la politique.
En 2001, il voulut devenir maire de Marseille et recueillit à cette occasion 4% des suffrages, devançant ainsi deux candidats humains ! Cette anecdote lui valut d'être cité dans le Guide du Routard de Marseille dans la rubrique « Personnages » mais aussi dans le Lonely Planet (2011).
Consécration suprême, une place à Marseille porta son nom. La plaque apparait furtivement dans le clip Chienne de vie de Fatal Bazooka (Michaël Youn). Pour preuve car comme nous le verrons, cette place a été renommée depuis.
Durant toute sa vie, il aura multiplié les rôles : « dog model », chien chanteur, acteur, chroniqueur, mascotte, ambassadeur...
Vous dénicherez (ahaha, Saucisse est parmi nous) peut-être aussi sa cuvée spéciale 1999.
Après son décès, la municipalité marseillaise avait donné son nom à un parc canin, le « Parc Chien Saucisse », inauguré le par le maire de secteur Bruno Gilles. Un portique ouvragé avec des montants en fer forgé et une silhouette découpée de Saucisse, œuvre signée du ferronnier d'art Ray Lubrano, accueillait à l'entrée du parc les propriétaires et leurs chiens.
Mais voilà, ce petit square est désormais définitivement fermé et la placette au nom insolite a été renommée en 2016 « Place du Professeur Jacques Boudouresque ». Si vous passez par là, n'hésitez pas à raconter à chacun l'histoire de ce petit chien journaliste qui avait obtenu son nom sur une plaque.
Mais dans le cœur de son maître et celui des marseillais qui le connaissaient bien, Saucisse aura toujours sa Place.
Source Images et actualités 👉 : Le Blog Dog de Saucisse
Chronique d'une dédicace par Saucisse 👉 : Archives 2012 de la librairie Soleil Vert
Serge Scotto
Chroniques de Saucisse ♥♥ : Saucisse dans le métro (2004) ; La gloire de Saucisse (2005) ; Saucisse Président (2007) ; Saucisse face à la crise (2010) ; Saucisse is watching you (2011) • Jigal
Qui a chouré le chien Saucisse ? (2005) • BD aux éd. CRES
Crédits images (montages), textes ©2012-2022 Herveline Vinchon & Dominique Guégan - Article publié sur l'ancien blog de la librairie Soleil Vert en mars 2012 dans le cadre d'une dédicace de Saucisse et Serge Scotto et mis à jour en octobre 2020 - Ne pas reproduire sans autorisation
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