6 Mars 2021
Quatrième de couverture
Le romancier à succès Joe Hill et le dessinateur prodige Gabriel Rodriguez vous invitent dans un monde de terreurs et de merveilles : Locke & Key.
Keyhouse : un étrange manoir de la Nouvelle-Angleterre. Un manoir hanté, dont les portes peuvent transformer ceux qui osent les franchir... Après le meurtre brutal de leur père, Tyler, Bode et Kinsey découvrent leur nouvelle demeure, croyant y trouver le refuge dont ils ont besoin pour panser leurs plaies. Mais une ténébreuse créature les y attend pour ouvrir la plus terrifiante de toutes les portes...
Si vous pensez que les auteurs manquent d'imagination et déclinent à tour de cases des références toujours plus galvaudées les unes que les autres, si vous avez envie d'associer autre chose que des super-héros au terme de comics, si vous aimez frissonner et surtout être totalement surpris, lisez Locke & key.
Joe Hill et Gabriel Rodriguez ont créé un univers à la fois fascinant et étrange. Exploitant le thème de la maison hantée, ils le renouvellent complètement à un point que sans spoiler la BD, il est difficile de trop en dire. Néanmoins, il va bien falloir quand même vous mettre un peu l'eau à la bouche...
Commençons par le commencement : les couvertures. Déjà rien qu'avec elles, on a envie d'y entrer. Ce manoir sur fond de ciel enflammé (tome 1) et cette mystérieuse clé à tête de mort vous hypnotise. Inutile de lire la quatrième de couverture, déjà vous accédez à une préface signée Robert Crais qui vous parle de Joe Hill et vous convainc de l'utilité de passer la prochaine porte (page), celle devant laquelle un paillasson vous souhaite la bienvenue (à Lovecraft).
Le scénariste Joe Hill, à qui l'on doit le recueil de nouvelles Fantômes, histoires troubles et le roman La costume du mort, a de qui tenir. Élevé dans le culte du fantastique grâce à un père qui n'est autre que le grand maître de l'horreur Stephen King (et oui !), il a su inventer son propre univers. Le fils de... n'a rien à prouver, c'est déjà un maître en devenir dont d'autres auteurs se réclameront sans doute un jour. Gabriel Rodriguez, lui, illustre magnifiquement cette histoire avec un style clair et lumineux.
D'entrée, on est capté par la couleur, les plans, le rythme. Présent, passé s'entrecroisent sans perturber la lecture. Immédiatement, les personnages mis en place vous parlent, vous interpellent. Qu'il s'agisse des membres de la famille Locke, de Sam Lesser, le psychopathe, ou du mystérieux Dodge, vous allez très vite les aimer ou les détester mais tout est fait pour que vous vous y attachiez. Une bonne part du succès de cette BD vient de l'empathie qui est générée pour les héros. Personnages d'âges différents (du petit enfant de 6 ans à l'adulte en passant par les ados) sensibilisent autant les plus jeunes lecteurs (attention quand même, c'est assez violent, donc disons à partir de 12/13 ans) que les adultes bien avisés. Première prouesse.
Deuxième atout, et pas des moindres : la maison. Keyhouse, un personnage à elle seule, et un nom prédestiné, puisque l'intrigue principale tourne autour d'une quête : réunir un maximum de clés cachées dans ce manoir et dont les serrures, une fois ouvertes, débouchent sur d'autres univers ou déclenchent des pouvoirs inattendus sur ceux qui les utilisent.
Hill et Rodriguez ont imaginé toute une mythologie autour de ces clés qui évidemment ne va se dévoiler qu'au fur et à mesure que ces dernières sont découvertes. Et c'est sans compter une entité, un être diabolique, manipulateur, qui cherchera à s'en emparer en premier, mais Dieu seul sait ce que la réunion de ce trousseau déclenchera... Le tome 3, plus sombre, puisqu'il joue avec les « ombres », prend une dimension superbement gothique.
Publiée aux USA en fascicules mensuels, il est enrichi d'un opus spécial : Guide des clés connues. Les éditions Milady ont réuni en recueil chacun de ceux qui constituent un acte entier (1 recueil compte 6 opus). En fin de recueils, on retrouve des galeries d'illustrations somptueuses de Rodriguez et une partie du fameux guide des clés y est intégré en rapport avec celles déjà découvertes.
Une série télévisée, réalisée par Mark Romanek avait été amorcée en 2011. Plusieurs grands noms de la production avait été évoqués, Dreamworks, Stephen Spielberg... mais finalement, seul le pilote fut tourné (voir la bande-annonce ci-dessus). Dans le casting, on retrouvait la très gothique Ksenia Solo (Kenzi dans la série TV Lost Girl) dans le rôle de Dodge. Le projet fut avorté en raison des coûts de production trop élevés et c'est bien dommage car rien qu'avec le trailer, on pouvait espérer une adaptation respectueuse de l'univers horrifique du comics.
C'est en 2019 que Netflix annonce la reprise du projet. Une version très familiale qui ne manque pas d'intérêt mais qui privilégie les plus jeunes personnages et les filme dans un environnement moins sombre que l'original rendant cette série plus gentillette qu'elle n'aurait du l'être. L'image est lumineuse, les effets spéciaux sympas et permettent au jeune public de prendre part à l'aventure sans trop d'angoisse.
Joe Hill (sc) & Gabriel Rodriguez (ill.) Locke & key ♥♥♥ (Locke & Key, 2008-2013) • Milady Graphics • 6 tomes
🏆 British Fantasy Award de la meilleure BD 2009 • Joe Hill a reçu un Bram Stocker Award, un World Fantasy Award, un International Thriller Award et le prix Sydney J. Bounds récompensant les meilleurs nouveaux talents.
Crédits images, textes ©2012-2021 Herveline Vinchon - Article publié sur l'ancien blog de la librairie Soleil Vert en juin 2012 et mis à jour en mars 2021 - Ne pas reproduire sans autorisation
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