2 Février 2021
L'histoire (Côte martienne ♦♦♦) (où on divulgache)
La fusée MR-1 qui ne donnait plus aucun signe de vie vient à nouveau d'être localisée, dérivant autour de l'orbite de Mars. Grâce à un système d'autoguidage, l'armée parvient à faire revenir sur Terre la fusée. À son bord, seul deux survivants sur les quatre dont O'Bannion qui semble gravement contaminé. Iris, l'autre survivante, raconte leur expédition...
Après avoir voyagé pendant plus de 47 jours, l'équipage, formé du Dr Iris Ryan (surnommée Irish), du colonel O'Bannion, du professeur Gettel et de Sam Jacobs (avec son inséparable Cléopâtre) se pose enfin sur Mars. Les tests montrent que la vie devrait exister et les quatre astronautes, vêtus de leur combinaison de survie, commencent à inspecter celle que l'on surnomme « Angry Red Planet ». Ils découvrent de nombreux végétaux, la plupart dangereux. Ils sont tour à tour attaqués par une plante carnivore géante, par une araignée-chauve-souris-crabe (Bat-Rat-Spider-Crab) avant qu'une amibe géante ne tue l'un des leurs et emprisonne la fusée, les empêchant de re-décoller...
Le film n'est pas linéaire. Il y a la découverte du vaisseau à la dérive, le rapatriement des survivants puis au gré de l'histoire racontée par le Dr Ryan, plusieurs flash-back présent-passé permettent de reconstruire leurs aventures. Chaque sortie du vaisseau les confronte à un nouveau danger ou à la prise de conscience d'une vie intelligente.
Bien que choquée, le Dr Iris Ryan est la seule à pouvoir expliquer ce qui s'est passé sur Mars. Les bandes enregistreuses du vol ont toutes été effacées par un fort champ magnétique.
Le premier flash-back se porte sur le voyage spatial. Décollage et occupation de l'équipage durant le vol. Si les décors de la station de contrôle sont bien rendus, on sourira en revanche, en voyant nos astronautes assis, simplement vêtus, dans leurs petits fauteuils esquivant une légère secousse au moment du décollage avant de s'en aller jouer aux échecs ou de lire un bon pulp (Super Fantastic).
Alors que la fusée est enfin posée sur le sol martien, c'est l'apparition au hublot d'une sorte d'insecte à trois yeux qui ramène le Dr Ryan au présent. S'ensuit une réflexion des médecins sur la mémoire et l'inconscient suggérant l'injection d'un hypnotique pour que la femme puisse, sans refoulement, narrer la suite de l'histoire. Cette première partie n'est pas palpitante au sens même d'action, pourtant elle reste captivante. Il y a presque un côté documentaire dans la façon de filmer le décollage et le temps passé dans la station de contrôle est assez long pour créer une certaine tension ou tout du moins un intérêt esthétique pour toutes ces énormes machines à multiples boutons. Les dialogues techniques donnent aussi beaucoup de réalisme sans pour autant être surexploités.
Le second flash-back nous amène à la première sortie des quatre astronautes et nous permet de faire connaissance avec Cléopâtre, nom donné par son propriétaire Sam à son fusil ultrasonique. Apparaissent les premiers décors avec une végétation luxuriante... mais dangereuse. Une énorme plante carnivore tente de tuer le Dr Ryan. De retour dans la fusée, il n'y a plus de signal radio. Une couche ionisée de l'atmosphère bloque la fréquence. (voir la « couche violette » dans le roman de Patrick Moore)
Effets spéciaux
Rien ne nous prépare aux visuels remarquables qui s'ensuivent. Toutes les images sont montées en négatif, balancées et colorisées à l'excès en rouge et offrent une immersion totale dans ce monde inconnu car même les décors à plat apparaissent illusoirement en relief.
Ce procédé mis en place par les producteur et réalisateur Sidney Pink et Ib Melchior s'appelle le « cinemagic ». Il sera repris notamment pour créer des effets psychédéliques dans d'autres films.
Deuxième sortie. Deuxième agression. Un des plus beaux monstres jamais créés pour le cinéma entre en action. Le fameux bat-rat-spider crab (comprenez l'araignée-chauve-souris crabe) haut de 12m et insensible à Cléopâtre, sauf quand Sam lui tire dans les yeux, attaque O'Bannion. Plus loin, l'équipe est stoppée par un lac. Derrière un rocher, la bête à trois yeux les observe.
De retour dans le vaisseau, et sur le conseil de Gettel, ils décident de repartir car ils ont le pressentiment d'être observés, qu'il y a malgré la faune et la flore, un silence inhabituel qui transpire le danger. Mais un champs de force empêche la fusée de décoller.
Troisième sortie. En naviguant sur le lac avec leur bateau gonflable, ils aperçoivent avec leurs jumelles une extraordinaire ville martienne, faite de buildings hauts de 800m. Pour eux, c'est enfin la preuve d'une vie intelligente. Mais l'eau s'agite et une masse aquatique fait éruption : sorte de poulpe ou de méduse qui les poursuit jusqu'en dehors de l'eau et jusqu'à leur fusée tuant Sam et blessant O'Bannion. Le monstre est en fait un amibe et on le voit digérer devant les yeux horrifiés de ses camarades le pauvre et sympathique astronaute. Puis il s'enkyste autour de la fusée afin de l'avaler de la même façon.
O'Bannion et Gettel pense pouvoir s'en débarrasser en envoyant dans la coque externe une décharge d'électricité mais c'est ce moment que choisit le martien à trois yeux pour envoyer aux terriens un avertissement. Effrayée, le Dr Ryan s'évanouit... mais à son réveil, elle constate que la fusée a bien décollée mais que le professeur Gettel est mort, sûrement d'une crise cardiaque, et que O'Bannion a été contaminé par l'amibe, son bras suintant d'une verte sécrétion.
Iris sort enfin de son hypnose. On lui confirme l'infection enzymique de O'Bannion. Elle décide donc d'utiliser comme Gettel et le colonel, l'électricité pour provoquer le déplacement de l'amibe. Le dénouement approche. Il s'avère que la toute dernière bande n'avait pas été effacée et on peut donc entendre en entier le message du martien. Ils nous connaissent, nous observent depuis des siècles. Comme eux, nous sommes techniquement très évolués mais malheureusement pas assez spirituellement. Nos actes sont emplis de violence et les martiens ne veulent pas de terriens qui viendraient tout détruire chez eux. Ils refusent donc que nous revenions sur Mars sans être invités.
La pire réplique
Alors que le vaisseau à la dérive est récupéré et que l'on s'apprête à aller chercher les survivants, un homme conseille la prudence vis à vis des radiations possibles. Mais l'héroïsme n'a que faire de ce genre de détail et au général de répondre :
Forget the radiation, go help those people inside ! (Oubliez les radiations, allez aider ces gens là-dedans !)
Ce film est vraiment intéressant à tout point de vue. Le scénario est équilibré et même si on a l'impression d'une action monotone au départ, toute la tension augmente au fur et à mesure. Les effets spéciaux sont remarquables. Et on termine sur une fin et un message moralisateur et alarmiste mais néanmoins indispensable pour donner un sens à tout le scénario et provoquer une prise de conscience.
Ib Melchior La planète rouge ♥♥♥ (The red angry planet, 1959) [1h23, couleur]
Avec Gerald Mohr, Naura Hayden, Les Tremayne, Jack Kruschen, Paul Hahn, J. Edward M, Tom Daly • Musique : Paul Dunlop • Effets spéciaux et miniatures : Bob Baker, Herb Switzer, Herman E. Townsley und Howard Weeks
Crédits images & textes ©2007-2021 Erwelyn - Article publié sur l'ancien blog Culture Martienne en juillet 2007 et mis à jour en février 2021 - Ne pas reproduire sans autorisation
Commenter cet article