20 Septembre 2021
Quatrième de couverture (Cote martienne ♦♦♦)
2026. Une masse gélatineuse, fongoïde, s'étend dans le Pacifique. Elle menace de supplanter toute vie dans les océans de la planète. À l'analyse, cette chose est d'origine extraterrestre. Une invasion ? Sur Mars, les Américains disposent d'une base. Mais les Chinois leur ont damé le pion : sous les glaces du pôle martien, ils ont trouvé de la vie. Et peut-être le secret de la vie. L'origine de son apparition sur Terre. L'infestation des océans est-elle une réponse à l'intrusion des Chinois dans l'intimité de la Planète rouge ?
Mariella, jeune biologiste de génie, prix Nobel, indépendante de caractère, est envoyée sur Mars pour le découvrir. Mais il lui faut compter avec les appétits des multinationales, les méandres de la politique et les manifestations de sectes hostiles à toute science. Sans négliger les pièges de l'Univers.
Ce roman réunit l'intrigue haletante d'un thriller d'espionnage, une critique corrosive de la société présente et à venir, et les qualités d'une information scientifique passionnante et sans faille.
Je n'aime pas dire ça, mais ce fut d'un ennui incommensurable. Seule ma motivation martienne m'a poussée au bout. Heureusement que le tour operator rattrape le coup (voir plus bas).
Même s'il appartient encore à l'imaginaire, puisqu'à ce jour aucun homme n'a encore posé le pied sur Mars, ce roman n'est pas aussi palpitant que le décrit la quatrième de couverture. Certes il s'agit d'un thriller spatial, certes il se passe sur Mars (enfin à partir de la page 150) et oui, il pose des semblants de questions sur l'origine de la vie. Pourtant...
D'abord, le titre français dessert le livre. Entre lui et la présentation de l'éditeur, on pourrait vraiment se croire dans un remake de la Guerre des Mondes revisitée à la sauce hard-science. Sauf que s'il y a bien un discours scientifique, on est très loin de l'imagerie d'invasion qui agit sur notre subconscient ! Comme les martiens tardaient à venir, j'ai regardé le titre original : The secret of life. Forcément, là, j'ai compris que je ne lisais pas le livre comme il fallait.
Une fois le tir rectifié, j'ai malgré tout eu du mal à rentrer dedans. Pour un thriller, cela manque cruellement de rythme et de suspense. Les personnages sont peu campés, on ne s'y attache pas. L'enchaînement des pages sur l'ADN, l'ARN et autre vocabulaire de biologistes n'ont déclenché aucune émotion chez moi. L'échelle de Darwin de Greg Bear, qui faisait le double de pages et autant de plus en discours indigestes scientifiques pour les non-initiés, m'avait pourtant transportée dans une réflexion jouissive sur notre évolution. En cela, je dis que même le plus hard-science des romans peut être palpitant dès lors que le fond est profond. Ici ce n'est malheureusement pas le cas.
Après une première partie qui se passe sur Terre, l'arrivée sur Mars est décevante. Nos héros s'enlisent dans des situations longuettes, sans grand intérêt d'autant que la vie martienne tarde toujours à se manifester. Reste heureusement un voyage en dirigeable assez dépaysant. C'est là que j'ai pris conscience d'une chose : Mars m'est trop familière maintenant pour que le roman de Paul J. McAuley fasse mouche.
Avec Une invasion martienne, mon intérêt retombe totalement. Par manque d'originalité, de style envoûtant, de décors cartons-pâtes, et oui sûrement aussi par manque de bons gros martiens baveux et belliqueux. Les cent dernières pages sont d'un tel ennuis que je suis allée directement à la conclusion. Et là, pire que tout, rien qu'on ne savait déjà, c'est à dire pas grand chose et juste la confirmation de ce pas grand chose. Au moins cela m'aura inspiré une chronique, certes négative, mais qui aura remis les pendules à l'heure. Tout n'est pas bon dans la culture martienne !Il y a quand même des choses à extraire : les mouvements antisciences. Des groupuscules, pouvant, mais pas toujours, être rattachés à des groupes écologiques, qui n'ont plus aucune confiance en la science et qui se rebellent contre les expériences et missions en cours de développement (idée déjà rencontrée en 1958 dans 👉 La mort vivante de Stephan Wul) Ensuite, la main mise des sociétés privées qui usent de leur pouvoir financier pour s'approprier ou diriger des missions aussi coûteuses que le sont les expéditions martiennes. Mais bien évidemment aussi s'octroyer au mieux toutes découvertes et en exploiter les retombées.
Et enfin, le tour operator de la planète en dirigeable qui nous permet de survoler une grande partie des lieux les plus emblématiques de Mars mais qui nécessitent sans doute un support visuel, aussi je vous glisse des liens vers les photos de ces lieux prises par les sondes actuelles ainsi que les liens vers les cartes pour mieux les situer grâce à leurs coordonnées qui souvent ne sont pas anodines. Je ne doute pas que McAuley ai passé du temps à analyser la planisphère martienne. (Tous les liens vont vers wikipédia)
(*Les textes en italique sont extraits de l’œuvre)
• Bases américaines : 👉 Ares Vallis près de 👉 Chryse Planitia, base permanente et lieu d'atterrissage. (La latitude et longitude annoncée dans le roman : 19°N et 34°O, correspondent aux coordonnées d'atterrissage de la sonde Pathfinder en 1997). Station expérimentale 👉 Lowell.
• Base chinoise : Chasmas Boréale au bord de la calotte polaire nord : 83°N et 77°O
• Calotte polaire : cristaux de glace non compactés. Le pôle Nord est plus grand qu'au sud. Toutefois les pôles s'inversent tous les 50000 ans. Lieu où l'on peut espérer trouver des traces de vie.
• Climat : En hiver des tempêtes de poussière et températures extrêmement basse
• Cratères : leurs noms font tous références à des personnalités (scientifiques, astronomes, romanciers) en rapport avec Mars ou des villes : Burton (Charles, explorateur GB), Haskin (?), McLaughlin (Dean B.), Mu (Mut ?), Lomonossov (Mikhaïl, astronome RU), Zw surnommé dans la traduction la Bonde : sûrement le cratère Bond (Georges Phillips, astronome US)
• Lieux évoqués : Deuteronilus Mensae 46°N et 336°O ; le gigantesque bassin de Vastitas Borealis, une étendue sans relief où se trouve le pôle nord et ce qu'on nomme Planum Boreum ; Candor Chasma au cœur de la 👉 Valles Marineris ; Noctis Labyrinthus ; Shalbatanu Vallis ; Simud Vallis ; Tiu Vallis ; le dôme de 👉 Tharsis ; Kison Tholus ; plaines d'Oxia Palus et d'Ismenius Lacus ; Canyon de Mamers ; Deuteronilus Mensae ; Syrtis Major 10° N 70° E (c'est la plus ancienne formation d'albédo - région identifiée par son contraste ombré - consignée en 1659 par l'astronome néerlandais Christian Huygens) ; Hellas Planitia dans l'hémisphère sud.
• Missions : 4 missions américaines dont une en cours : 1ère mission : Pôle Sud. 2e à Deuteronilus en 2017. 3e en 2019. Mission en cours : Vaisseau « Beagle ». Établir un site de forage et récupérer des organismes vivants notamment dans les réservoirs souterrains sous les calottes polaires. Examiner le site des chinois. 2 missions chinoises. Au total une centaine de personnes ont déjà foulé le sol martien.
• Vie martienne : Avant : Structures fossiles indiquant qu'une vie microbienne existait sur Mars il y a 3 milliards et demi d'années. Aujourd'hui : La Nappe/Le Chi organisme arrivé sur terre et se propageant dont le métabolisme et le nombre de gène semblent être d'origine terrestre. Soit les organismes martiens étaient les ancêtres des organismes terrestres, soit les uns et les autres ont un ancêtre commun qui est né ailleurs.
Paul J. McAuley Une invasion martienne (The secret of life, 2001) • Robert Laffont
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