14 Octobre 2021
Quatrième de couverture
Le capitaine Alexeï Ivanovitch Danilov a depuis longtemps oublié les créatures légendaires qui le terrifiaient quand il était enfant. En cet automne 1812, il fait face à un ennemi bien plus tangible : la Grande Armée de Napoléon Bonaparte.
Les villes sont tombées les unes après les autres devant l'avancée des Français ; à présent, seul un miracle pourrait les empêcher de prendre Moscou. En désespoir de cause, Alexeï et ses camarades font appel à un groupe de douze mercenaires venus du fin fond de l'Europe chrétienne, les Opritchniki. Ils prétendent pouvoir renverser le cours de la guerre.
Les Russes n'y voient que vantardises ; ils ont pourtant tôt fait de découvrir que les douze sont capables de tenir leurs promesses. Devant de telles prouesses, Alexeï se remémore les contes de son enfance et commence à comprendre la véritable et horrible nature de ces douze étrangers...
Les quatre titres suivants n'ont jamais été traduits par Bragelonne : Thirteen Years Later (2010), The Third Section (2011), The People's Will (2013), The Last Rite (2014)
1812, la campagne de Russie de Bonaparte avait amenée les français jusqu'à Moscou. Le froid, la faim, quelques erreurs tactiques et un moral russe revigoré les avaient fait battre en retraite. Mais ce que l'Histoire ne raconte pas, c'est qu'aux côtés des russes, dans l'ombre, œuvraient une douzaine de mercenaires, les Opritchniki. Ces derniers avaient déjà apporté leur aide contre les Turcs quelques années plus tôt et étaient disposés à nouveau à soutenir l'armée russe. C'est leur intervention que Douze raconte.
Tour à tour, roman historique, d'espionnage et d'aventures, le récit bascule petit à petit dans le fantastique lorsque ces hommes sans loi révèlent des pratiques de moins en moins orthodoxes. Si le roman pouvait tout aussi bien se tenir avec 100 pages de moins, il est certain qu'il capte le lecteur de manière très subtile et progressive.
Séparant en deux parties son texte, Kent pose d'abord le décor. Celui de Moscou et de ses environs avec ses campements de soldats désabusés, affamés et gelés. Il place dans ce contexte son héros, le capitaine Alexeï Ivanovitch Danilov, qui ne brillera pas tout de suite par son charisme. C'est au fil du récit que ce personnage prendra ses galons via ses actions, ses infiltrations, ses missions mais aussi grâce à des personnages secondaires dont on sent les attachements réciproques et qui renforcent son caractère et sa psychologie. La deuxième partie est placée sous le signe de la retraite française durant laquelle le rythme s'accélère pour engendrer la chasse aux vourdalaks démasqués. Les dernières pages enchaînent les rebondissements rattrapant les quelques passages longuets qui ralentissaient le début du roman.
Quant au mythe du vampire, puisque vampires il y a, il est pour une fois abordé de façon très intelligente : sans surenchère d'horreur ou de classicisme gothique. Ces créatures trouvent leur place dans un contexte historique hostile et guerrier qui sied évidemment à leurs besoins et leurs instincts mais qui leur confère aussi une grande crédibilité dans ce début du XIXe siècle encore très ancré dans la tradition orale. Le héros ne perd pas de temps à comprendre leur vraie nature, mais cela lui est facilité par l'héritage oral de sa grand-mère, contes et légendes emplis de créatures fantastiques, qui berçaient son enfance.
De plus, l'identité des Opritchniki est amenée subrepticement et en parallèle d'évènements non moins cruels, aussi leurs agissements se diluent-ils dans une humanité déjà bien pervertie par les atrocités de la guerre ne les rendant au final pas plus ignobles que ce à quoi des milliers d'hommes furent confrontés lors des campagnes napoléoniennes. Sans aucun doute, ces parallèles apportent une autre dimension au roman, philosophique, celle-ci, qui donne à ce roman d'aventures historique une profondeur inattendue.
Jasper Kent Douze (The Danilov Quintet T1 Twelve, 2008) • Bragelonne
La suite est disponible uniquement en anglais
Crédits images & textes ©2009-2021 Erwelyn - Article publié sur l'ancien blog de la librairie Soleil Vert en décembre 2009 - Ne pas reproduire sans autorisation
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