📚 JEAN-MICHEL CALVEZ - LE MIROIR DU TEMPS (2008)

📚 JEAN-MICHEL CALVEZ - LE MIROIR DU TEMPS (2008)


Quatrième de couverture
Väinö Kauppinen, un électronicien finlandais, découvre par hasard un phénomène aberrant lié à la propagation de la lumière. Peu de temps après, il est contacté par un ami qui a besoin de ses services à la station orbitale Tycho Brahé dont il a conçu le miroir principal, car on y a découvert une planète dotée d'une surface de glace formant un miroir parfait. À quoi cela pourrait-il servir ? Mais la découverte de Väinö sur la « modulation de vitesse » de la lumière conduira à modifier le projet initial...
Quel est le lien entre la station et ces fragments d'histoires parallèles s'intercalant dans le récit comme des morceaux de puzzle ? Qui est Lo'rinn, la belle inconnue surgie d'on ne sait où ? Quel est ce peuple aux rites sexuels étranges, évoluant dans des profondeurs souterraines ? D'où proviennent les visions du génie Leonardo da Vinci ? Que s'est-il passé dans une tribu de Pygmées dans la jungle africaine, ou lors des combats aériens de la Seconde Guerre mondiale ? La station orbitale est-elle en danger ?
Autant d'énigmes dont l'explication, et le fil conducteur, sont à l'image de perles enfilées le long d'un rayon de lumière venu de très loin, traversant l'espace mille fois plus vite qu'une météorite.
 

Après le bouleversant 👉 STYx, roman paru en 2007, Jean-Michel Calvez nous revenait en 2008 avec un roman de hard-science, genre alors encore assez peu abordé par les auteurs français de SF.
Dans un futur proche, Vaïro Kauppinen et son collègue et ami Heini Merulainen, finlandais et spécialistes en « optronique », ont monté leur entreprise. En parallèle de leurs contrats, ils réalisent des expériences sur la vitesse de la lumière et donc du temps. Quand ils sont contactés par leur ami Maarti , technicien sur la station en orbite Tycho Brahé, ils ne comprennent pas encore le rapport qu'il y a entre la mission qu'il leur est proposée par le commandant Gerhardt Warens et leur travaux sur Terre.
Jean-Michel Calvez s'emploie au mieux à nous rendre l'aspect technique abordable. Mais il reste néanmoins complexe. Pourtant son style toujours aussi agréable permet quand même une progression aisée. Les interactions que l'histoire principale a avec d'autres époques ou monde offrent des échappées souvent très poétiques et la sensibilité de l'auteur, déjà rencontrée dans STYx, reprend le dessus. Ces histoires intercalées tous les deux chapitres trouvent leur justification au fur et à mesure, même si certaines gardent encore leur mystère quand à leur rapport direct avec la trame principale : La piste des Wa'siri, Confession d'un génie (Léonard de Vinci) à un roi (François 1er). Ce dernier apparaît presque comme une nouvelle distincte rapportée ici pour étayer les corrélations entre histoire et Histoire, au même titre que les chapitres La nuit du hibou (se déroulant en pleine bataille aérienne durant la deuxième guerre mondiale) et Le titan foudroyé (qui évoque le naufrage du Titanic). Il est facile de mesurer la difficulté de l'auteur à faire se rejoindre tous ces évènements pour leur donner un rôle dans son scénario. Et une fois le roman terminé, il est intéressant de revenir au début pour relire certains de ces récits afin de bien cerner les interactions temporelles.
Quant au sujet lui-même, cette calotte de glace découverte sur une planète lointaine qui pourrait faire office de miroir et donc de télescope tourné vers une Terre ancestrale... je ne suis pas assez calée en science pour admettre ou non la crédibilité de l'expérience tentée ici. Sans doute, la manière technique d'aborder cette aventure à priori farfelue, la rend-elle plus acceptable. Mais on regrettera quelques schémas, même très simples, qui auraient pu fournir une meilleure visualisation des procédés imaginés par Jean-Michel Calvez.
En tout cas, la force créatrice de l'auteur lorsqu'il s'agit de décrire des civilisations inconnues est toujours là. Tout comme les « lutins » dans STYx qui étaient fortement entourés de mythologie, on découvre ici une autre forme d'existence, liée à la lumière et à sa transcendance. Shamans et « plongeurs » aux diverses particularités nommées « lutéales », « tectales » ou mentales, sont à nouveau emprunts d'essence mythologique que l'on regrette encore de ne pas voir plus développée. Car la force de Calvez est aussi sa faiblesse. Il est capable de nous entraîner dans des univers fascinants mais de nous en extraire aussi vite laissant un arrière goût de frustration, d'inachevé. Pas dans l'œuvre et sa finalité en tant que telles mais dans ces univers qu'il nous dévoile si bien qu'on voudrait en savoir plus... dans de prochains récits, nouvelles ou romans... peut-être.
Avec Le miroir du temps, Jean-Michel Calvez nous confirmait son talent de conteur et d'écrivain ouvrant des portes vers la poésie, l'ailleurs et la réflexion - autant sur les découvertes et applications technologiques que sur l'inconnu.


Jean-Michel Calvez Le miroir du temps • Atelier de Presse, 2008 • Lokomodo, 2011
 


Crédits images, textes ©2008-2022 Erwelyn - Publié en novembre 2008 sur l'ancien blog de la librairie Soleil Vert - Ne pas reproduire sans autorisation

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