28 Février 2021
Quatrième de couverture
Michiru a perdu l’usage de la vue dans un accident et vit recluse dans une grande maison, comme dans un œuf de ténèbres. Un jour, elle apprend qu’un meurtre vient d’être commis à la gare toute proche. Peu de temps après, la jeune fille sent une présence dans la maison et comprend qu’un intrus s’est introduit chez elle. Progressivement, dans l’obscurité et le silence, se noue une étrange relation entre celui qui se cache et celle qui ne voit pas. C’était comme si les ténèbres avaient soudainement pris forme et bougé. Il était là. Un huis clos où le noir prend vie et brouille nos sens jusqu’au vertige, et un thriller psychologique sans effusion de sang ni violence, fondé sur la découverte progressive de deux êtres coupés du monde et voués à la solitude.
L'auteur, de son vrai nom Hirotaka Adachi, jongle volontiers avec les ambiances morbides et les romances mélancoliques. Rendez-vous avec le noir fait partie de cette deuxième catégorie.
Sous couvert d'une histoire de meurtre, l'auteur décrit la rencontre tout à fait probable entre deux êtres vivants en marge de la société. La première Michiru est devenue aveugle suite à un accident et depuis la mort de son père, vit en recluse chez elle, ne sortant jamais seule de chez elle. Akihiro, lui, est employé dans une imprimerie mais refuse de s'insérer dans la vie sociale de l'entreprise ce qui provoque dans son entourage, quolibets et moqueries.
Le plus original dans cette histoire, c'est la rencontre. Elle oriente l'histoire vers un huit-clos touchant, dans lequel deux personnes vont apprendre à se côtoyer et s'aider à s'ouvrir à la vie extérieure. Les ficelles du polar et ses rebondissements ne sont exploités que pour mieux soutenir un récit d'une grande intensité tout en restant très sobre et psychologiquement juste.
Autre intérêt, la culture japonaise y est bien présente mais surtout on y retrouve un des thèmes récurrents de cette littérature : le train. Le moyen de transport le plus utilisé par les japonais et qui est le cadre de nombreux romans policiers comme Tokyo Express de Matsumoto ou Les dunes de Tottori de Nishimura. Si l'intrigue ici n'est pas à proprement parlé ferroviaire, le cadre de la gare, de ses quais et des express qui y circulent, font partie intégrante du récit. Décor omniprésent par lequel le drame se produit et vers lequel le cours de l'histoire ne cesse de revenir.
Ce court roman atypique est fascinant.
En 2006, le roman a été adapté au cinéma par Daisuke Tengan (Palme d'or 1997 à Cannes pour le film L'anguille et scénariste en 2010 du film 13 assassins de Takashi Miike) sous son titre original Kurai tokoro de machiawase (Waiting in the Dark, en anglais). Malheureusement il n'est pas arrivé jusqu'en France malgré son succès asiatique. Il est disponible sur 👉 Youtube en arabe avec qualité potable (non, je ne parle pas arabe, mais j'ai appris quelques mots 😀). Sinon, sous-titré en anglais découpé en 8 parties mais qualité image médiocre.
Le film est une parfaite adaptation magnifiquement interprétés par deux acteurs asiatiques célèbres : le taïwanais Chen Bo-Lin, et la japonaise Rena Tanaka.
Bande-annonce sous-titrée anglais 👇
• Otsuichi Rendez-vous dans le noir ♥♥♥ (Kurai tokoro de machiawase, 2002) • Picquier poche
• Daisuke Tengan Kurai tokoro de machiawase ♥♥♥ (Waiting in the Dark) [2h00] avec Chen Bo-Lin, Rena Tanaka
Crédits images, textes ©2014-2021 Erwelyn - Article publié sur l'ancien blog de la librairie Soleil Vert en juin 2014 et mis à jour en février 2021 - Ne pas reproduire sans autorisation
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