5 Avril 2022
Quatrième de couverture
Dans le monde obscur d'Icibas, des êtres qui ne portent pas le nom d'hommes recyclent les ordures qui descendent d'Enhaut. Niels et Chami, deux enfants pas comme les autres, sauvent Rached, un homme tombé d'Enhaut. Il va leur apprendre qu'à la surface, dans la lumière et le luxe vivent d'autres hommes. Niels et Chami vont tenter, avec son aide, d'atteindre la lumière.
À noter que ce roman est sorti en 2000 aux éditions Syros sous le titre Les Prisonniers d'Icibas, puis réédité en 2009 chez Oskar sous le titre Les Enfants d'Icibas.
Jolie surprise que ce roman d'anticipation pour ados. Même si le sujet n'est pas très novateur, la qualité de l'écriture et la richesse de l'univers créé par Janine Teisson vous procure un réel plaisir de lecture, elle qui est habituée à des romans bien plus courts, pour un public beaucoup plus jeune, même si ses sujets de prédilection sont universels et sans limite d'âge : exclusions, maladie, guerre, s'essaie ici à un roman de genre.
Sur une terre future, post-apocalyptique, d'abord enterrée pour échapper aux radiations, l'humanité s'est ensuite scindée en deux. Certains sont remontés à la surface, redéveloppant un système économique et politique, les autres sont restés sous terre, réduits à l'état quasi sauvage, esclaves des déchetteries de ceux d'en haut, luttant au jour le jour, élaborant leurs propres codes de survie. Les décennies passant, chacun a oublié l'existence des autres, mais les tâches continuent, par automatisme, soumis chacun de leur côté à des formes différentes de totalitarisme. Jusqu'au jour où un homme d'en haut, professeur à la recherche de sa petite-fille, se retrouve projeté en bas. Commence alors un cheminement initiatique et un apprentissage culturel, intellectuel, technologique qui amèneront tout un peuple, les enfants d'abord puis leurs parents, à se rebeller et à remonter.
Par cette métaphore littéraire, Janine Teisson, dénonce évidemment les dictatures, les ruptures sociales, l'asservissement des populations. Elle évite aussi un final trop utopique. Elle superpose, plus qu'elle n'oppose, deux régimes en de nombreux points similaires. Ainsi, elle tend plus pour le travail de communication, d'échange, de complémentarité des uns et des autres. On se rebelle contre le pire, mais on met en commun le meilleur sans pour autant s'asservir encore, autrement. Il y a une revendication identitaire qui s'impose, des droits à la différence qui s'expose.
Le lectorat visé semble être dans une tranche 12-16 ans. Mais la lecture de ce roman, riche - trop riche - de messages n'est-il pas trop dense pour les plus jeunes ? La remarque que l'on peut faire, c'est que le rythme et l'écriture gagnent en densité au fur et à mesure que l'on avance. De même que le temps s'écoule, que les personnages vieillissent, passant de l'enfance à l'adolescence, voire à l'âge adulte, le style, le vocabulaire, la richesse du scénario s'étoffent considérablement.
Je redoute que les jeunes lecteurs puissent être aussi assidus sur la longueur d'un seul roman. À l'inverse, de bons lecteurs pourraient trouver le début du livre trop conventionnellement juvénile et délaisser la lecture alors que tout reste à venir. Sans doute vaut-il mieux le conseiller directement à des ados à partir de 14 ans. En tout cas, cela reste, même pour un adulte, un moment agréable avec une histoire palpitante, pleines d'actions, de rebondissements, où rien n'est laissé au hasard, et qui vous tient en haleine vraiment jusqu'au bout.
Janine Teisson Les enfants d'Icibas (2000) • Éditions Oskar [Épuisé]
Crédits images, textes ©2010-2022 Erwelyn - Publié en février 2010 sur l'ancien blog de la librairie Soleil Vert - Ne pas reproduire sans autorisation
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