12 Février 2021
Choquants, merveilleux, brillants, sensuels, mortels et au final les seuls à survivre (Accroche de l'affiche anglo-saxonne)
Film de science-fiction ? Non ! Des faits, des vrais ! (Accroche de l'affiche française)
Les héritiers de la terre (Accroche de l'affiche espagnole)
Voir le film sur YouTube (en anglais)
Ce film est une docufiction d'anticipation dans lequel un entomologiste fictif, Nils Hellstrom (interprété par Lawrence Pressman), démontre l'extraordinaire capacité de survie des insectes excédant de très loin celle que l'on peut prêter à l'espèce humaine. Son discours très simpliste et son ton volontairement inquiétant ne laisse aucun doute sur sa volonté de convaincre l'humanité de sa future disparition. Le combat sera perdu d'avance à cause de notre excès d'individualisme. Hellstrom cite aussi comme principales raisons l'adaptabilité, le manque d'émotions, la subordination au bien commun et la supériorité numérique des insectes.
Il n'est pas étonnant que la bande-annonce réalisée ressemble plus à la promotion d'un film de science-fiction qu'à celle d'un documentaire animalier.
En fait, il s'agit des deux. Car Walon Green, son réalisateur, appuie les propos d'Hellstrom en combinant de courts extraits de films d'horreur et de science-fiction (Des monstres attaquent la ville/Them ! de Gordon Douglas, 1954 et Quand la Marabunta gronde/The naked Jungle de Byron Haskin, 1954) avec des séquences naturalistes extraordinaires de papillons, de criquets, de guêpes, de termites, de fourmis, d'éphémères et même de plantes insectivores ainsi que d'autres insectes rarement vus auparavant au cinéma (en 1971). De véritables photos de fourmis en migration sont montrées, qui attaquent et tuent des vertébrés encore plus grands, tels que des caméléons, des lézards et des serpents.
L'équipe de tournage s'était bien sûr attaché deux conseillers entomologistes de grande renommée du Los Angeles County Museum of Natural History : Roy Snelling et Charles Hogue.
Il fallut aussi démultiplier les équipes techniques afin de pouvoir tourner aux États-Unis mais aussi en Éthiopie, au Kenya, en Ouganda, au Japon et en Angleterre. Le tournage prit deux années.
L'idée de départ, développée depuis 1966 par le producteur David L. Wolper et Walon Green alors qu'ils travaillaient sur un documentaire pour le National Geographic, n'intégrait pas d'intervenant humain. Mais après montage la « trame » manquait de cohérence. C'est alors qu'intervint David Seltzer qui scénarisa l'invention du scientifique Hellstrom.
La musique est signée Lalo Schifrin, musicien et chef d'orchestre très prolixe. Sa filmographie est impressionnante : Bullit, Inspecteur Harry, Opération Dragon, Rush Hour pour n'en citer que quelques uns ou Mission impossible, Mannix ou Starsky et Hutch côté séries. Voici ce qu'on lisait à son propos à la sortie du film en 1972 :
Son utilisation de cordes rapidement pincées dépeint avec précision le mouvement frénétique de la vie des insectes. Ailleurs, il donne à ce documentaire unique une musicalité pop qui semble étrangement juste ; l'accouplement des veuves noires sur le rythme d'une bossanova en est un bon exemple.
À sa sortie, le film eut des critiques controversées. Autant sur la partie technique les retours furent élogieux, notamment avec les prises de vues au ralenti, l'utilisation d'objectifs télescopiques et microscopiques et ses photographies en stop-motion, autant sur le discours catastrophiste d'Hellstrom, les avis furent mitigés. Pour certains, les motivations et le message qui l'accompagnaient, étaient irrationnels, trompeusement écologiques (New York Time), voire suspects, tendant à une philosophie réactionnaire de survie (Die Zeit).
Hellstrom est un spécialiste réputé des insectes et en particulier des fourmis et des termites. Il a installé ses laboratoires dans une vallée perdue de l'Oregon. Mais quel est son véritable projet, le fameux et mystérieux Projet 40 ? Trois hommes de l'Agence, le plus puissant des services secrets américains, parfaitement équipés et entraînés, ont disparu en se contentant d'observer la Vallée. Comme s'ils avaient été avalés par la terre, par cette monstrueuse termitière humaine souterraine qui est l'avenir qu'une secte pluriséculaire a promis à l'humanité. Hellstrom n'est qu'une façade.
Tel est la quatrième de couverture française de La Ruche d'Hellstrom, le roman de Frank Herbert inspiré par le documentaire de Walon Green Des Insectes et des Hommes (The Hellstrom chronicle, 1971). L'auteur pousse jusqu'au bout la théorie de la survie de l'humanité via une socialisation totale sur le modèle de la ruche ou de la termitière n'hésitant pas à imaginer une évolution génétique issue à la fois de l'humain et de l'insecte.
Pour aller une analyse approfondie, rien ne vaut les préface et post-face de Gérard Klein que vous pouvez lire sur le site Quarante-deux.org.
Walon Green Des insectes et des hommes ♥♥ (The Hellstrom Chronicle, 1971)
👉 Disponible sur Youtube (Qualité moyenne, anglais)
🏆 Grand Prix de la Commission Supérieure Technique du cinéma français du Festival de Cannes en 1971 ; Oscar du meilleur documentaire en 1972 ; British Academy Film Award du meilleur documentaire en 1972
Sources
• Wikipédia France, US, Allemagne (qui se complètent parfaitement)
• Cinefantastique
Frank Herbert La ruche d'Hellstrom ♥♥ (Hellstrom's hive, 1973)
🏆 Prix Apollo 1978
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