📚 ROBERT MERLE - MADRAPOUR (1976)

📚 ROBERT MERLE - MADRAPOUR (1976)


Quatrième de couverture
Dans un aéroport étrangement désert, quinze personnes s'embarquent à bord d'un charter - destination : Madrapour. L'hôtesse fait une annonce tronquée et c'est assez pour déclencher chez les passagers une inquiétude qui se change en angoisse quand deux Hindous, l'arme au poing, menacent d'exécuter les otages un à un si l'avion n'atterrit pas. C'est alors que l'on s'aperçoit que l'appareil n'a pas d'équipage et qu'il est dirigé depuis la terre.
Dans la destinée des passagers un personnage invisible, une force occulte et toute puissante fait alors son apparition : le Sol...
 

Surprenant, délectable, drôle, angoissant parfois ! Impossible de classer ce roman. Littérature, fantastique, thriller. Rien de tout ça et tout à la fois. Peut-on le classer en transfiction ?
Tout démarre dans une impression d'inquiétante étrangeté. Imaginez prendre un avion sans pilote pour une destination improbable (un pays inconnu du nom de Madrapour, qui, s'il existait vraiment se situerait aux frontières de l'Inde et du Bouthan), et retrouvez-vous avec seulement quatorze autres compères, tous « relégués » en première classe, assis les uns en face des autres, en cercle, et passez seize heures, supposées, de voyage avec autant de personnalités différentes.
Robert Merle, dans un exercice de style fabuleux et non dénué d'humour, décortique dans ce huis-clos atypique toute l'âme et la psychologie humaine. Les protagonistes vont le temps d'un voyage (mais le temps n'est-il pas en suspend ici, à moins que la roue du temps au contraire ne soit en marche ?) devoir faire face à leurs angoisses, à leurs addictions, à leurs motivations, à leur avenir si tant est que celui-ci puisse être imaginé. Car dans ce nomand's land aérien, rien n'est plus déstabilisant que de se retrouver face aux autres, dénudés de tous biens physiques, de toutes notions temporelles, pire, d'être face à soi-même.
Il y autant de psychologies dévoilées que de métaphysiques exacerbées.
Le lecteur est pris à parti dans cette ronde des égos. Il est emporté lui-même dans ses propres réflexions faisant écho à celles des personnages. C'est juste fascinant ! Le lecteur rationnel tentera désespérément de trouver une logique à tout ça avant de s'apercevoir que c'est peine perdue. Ce qui compte ce n'est pas ce qu'il y a dehors, ou au sol, ce n'est pas la motivation de ce qu'on ne connait pas et qui semble avoir imposé cette situation aux héros, non, ce qui compte, c'est comment on fait face. À quoi ? C'est vous qui trouverez la réponse. Au fond, c'est vous lecteur qui faites de Madrapour ce que vous voulez. N'attendez rien de l'auteur. Il n'est pas si généreux que ça, et pourtant il vous offre un cadeau littéraire mémorable et nous régale de répliques (de vérités imparables) inoubliables. Je pourrais m'amuser à les relayer ici, mais il y en a tellement, qu'il faudrait reproduire le roman. Quelques unes quand même :

•Un moucheron qui naît à l'aube et meurt au coucher du soleil ne peut pas comprendre le mot nuit.
•La clairvoyance des gens bornés : ils comprennent tout, à moitié.

LA PRESSE UNANIME À SA PARUTION EN 1976

Source : GallicaSource : Gallica

Source : Gallica

Non je vais m'arrêter, il y en a trop. Lisez-le, c'est tout.


Robert Merle Madrapour ♥♥ (1976) • Point
 


Crédits images, textes ©2017-2021 Erwelyn - Article publié sur l'ancien blog de la librairie Soleil Vert en février 2017 et mis à jour en février 2021 - Ne pas reproduire sans autorisation

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T
Un des Robert Merle que je n'ai pas encore lus. Ce billet va sans doute être un élément déclencheur pour le traquer d'occasion. Merci!<br /> (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
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A
Un peu de mal au début à accrocher, et une fois achevée, cette histoire me laisse dans un état de flottement, de fatalisme et d'interrogation. Le livre est une analyse fine de la psychologie humaine. Je suis restée perplexe à la fin de la lecture, je m'attendais à une autre fin.
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E
Oui, c'est particulier et difficilement racontable. Mais au fond, au delà d'une rationalisation de la situation, ce sont toutes ces citations sur l'humain qui sont délectables. Quant à la toute fin... je l'avais lu il y a longtemps et j'avoue... je ne m'en souviens plus. Mais je dois toujours avoir mon exemplaire quelque part. ☺
J
oUAH Un souvenir de lecture ça m'avait enthousiasmé , j'avais 22 ANS je considérais l'auteur un peu comme un auteur sf en dehors de ses romans "fortune de france" et week end à zuydcotte, j'avais acheté le grand format fort de l'admiration pour Malevil, Un animal doué de raison et Les hommes protégés tous trois très proche de la thématique sf
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E
Je suis aussi une fan. Il n'y a que Malville que j'ai mais pas encore lu de son incursion en SF. Les chroniques viendront. Sinon, la Mort est mon métier, ouah, un choc.<br /> En tout cas merci Jean-Pierre d'être passé par ici. Au plaisir de t'y retrouver bientôt ☺