11 Août 2021
Quatrième de couverture
Sur son terrain, Jules Verne est battu et rebattu. Robida « Jules Verne du crayon » ? Il est bien plus que cela : des deux, le véritable anticipateur c'est lui. Robida annonça Wells et Philip K. Dick : Dick avec cette Horloge des Siècles précédant d'un demi-siècle 👉 À rebrousse-temps, et Wells avec Jadis chez aujourd'hui, publié trois ans avant La Machine à explorer le temps. Et dans ses visions de l'avenir, Robida ne voit guère d'espoir. La guerre n'est pas nécessaire pour rendre le monde invivable, l'homme suffit bien. Et de montrer les continents surchargés d'affamés ; avant les écologistes, Robida a montré l'eau que l'on boit, l'air qu'on respire, le règne de la chimie empoisonnant les aliments, et le citoyen du XXe siècle accablé par le stress et mis en couveuse.
En 1902, nouvelle prouesse avec L'Horloge des siècles dont le thème n'est pas banal...dans un avenir non précisé, mais proche, à la suite d'un cataclysme cosmique au moment même où le mouvement revendicatif social allait triompher, non seulement la terre se met à tourner en sens inverse, mais le temps lui-même se déroule à l'envers.
Albert Robida (1848-1926) est un artiste à tout faire : caricaturiste dans de nombreux journaux satiriques, peintre, illustrateur de ses propres romans d'abord et d'autres auteurs (Villon, Rabelais entre autre), écrivain voyageur avec ces croquis de la Bretagne et de la Provence, écrivain aussi pour la jeunesse et anticipateur.
Il est fort regrettable que les œuvres de Robida soient tombées dans l'oubli. Il est aujourd'hui moins connu du grand public que ne le sont Jules Verne ou H.G. Wells alors qu'il contribua de près à leurs visions futuristes. Il suffit de lire La guerre au vingtième siècle ou La Vie électrique pour s'en convaincre.
Et l'homme laisse derrière lui des milliers de dessins, de croquis, qu'il est quasi impossible aujourd'hui de répertorier tant on en découvre encore.
L'Horloge des siècles est un roman assez inhabituel dans sa conception du temps qui s'écoule à l'inverse. On sent que Robida ne tient absolument pas à nous convaincre scientifiquement et il évite bien des questions de logique qui ne manquent pourtant pas d'interpeller le lecteur. Il faut faire preuve d'une grande gymnastique intellectuelle pour surmonter ces questionnements.
Par exemple, si le temps par en arrière et que les adultes retombent dans l'enfance, que deviennent les bébés qui viennent de naître. De même que la réapparition des morts parmi les vivants donnent à croire qu'ils sortent tous de leur tombe mais Robida se garde bien d'évoquer ce genre d'image préférant les faire réapparaître presque par enchantement dans des lieux éloignés de l'intrigue. Il contourne ainsi la description de la « renaissance ».
En dehors de ces éléments, le roman se lit bien, offrant des réflexions sur le passé, l'avenir, l'Histoire. Mais en grand caricaturiste qu'il est, Robida ne se prive pas de nous décrire aussi quelques cocasseries fortes amusantes.
Une association, gérée par sa descendance maintient la mémoire de Robida et je vous invite à aller le visiter sans tarder : L'association des Amis de Robida
Pour en savoir encore plus sur Robida, le livre de Daniel Compère : Albert Robida, du passé au futur aux éditions Encrage.
📃 Ainsi que notre article consacré à lui et Jacques Spitz 👇
Albert Robida L'horloge des siècles illustré par l'auteur (1902) • Gramma
• En téléchargement gratuit en PDF sur ebooks-bnr.com
Crédits images, textes ©2008-2022 Erwelyn - Article publié sur l'ancien blog de la librairie Soleil Vert en novembre 2008 mis à jour en août 2021 - Ne pas reproduire sans autorisation
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