9 Février 2021
1- Lev Sergueïevitch Termen, inventeur du thérémine ; 2- La vraie Clara Rockmore ; 3- Le personnage fictif de Sarah Clockwork
• Le thérémine, inventé en 1920 par le Russe Lev Sergueïevitch Termen (1896-1993), est un des plus anciens instruments de musique électronique.
Composé d’un boîtier équipé de deux antennes, l'instrument a la particularité de produire de la musique sans être touché par l’instrumentiste. La main droite commande la hauteur de la note, en faisant varier sa distance de l’antenne verticale. L’antenne horizontale, en forme de boucle, est utilisée pour faire varier le volume selon la distance de la main gauche.
• Le personnage de Sarah Clockwork fait référence à Clara Rockmore (1911-1998). Violoniste classique de formation, elle devient une virtuose inégalée du thérémine notamment grâce à son oreille absolue et aida grandement Termen à l'amélioration de son instrument.
• Plus tard, le thérémine a été largement utilisé pour créer les ambiances sonores horrifiques des films de science-fiction et de fantastique : Le jour où la terre s'arrêta de Robert Wise (1951), Mars Attacks ! de Tim Burton (1996) ou plus récemment First Man Le premier homme sur la Lune de Damien Chazelle (2018).
Martians go home ! est un court-métrage espagnol de Dani Moreno qui rend hommage au cinéma d'horreur des années 80' bourré de musique électronique, d'envahisseurs de l’espace, de bave verte et de culture geek.
Il a été projeté dans plusieurs festivals de films d'horreur : au « Screamfest » de Los Angeles, au « Horror Film Festival » de New-York, au « Toronto After Dark », au « Sitges Film Festival », à Clermont-Ferrand...
MARTIANS GO HOME! A shortfilm by Dani Moreno (with english subtitles)
MARTIANS GO HOME! is a spanish "Fantaterror" film directed by Psychobilly Monster movie director DANI MORENO. Is an 80' horror tribute full of theremin music...
(Côte martienne ♦)
En 1928, Sarah Clockwork, grande virtuose de thérémine donne un concert dans un théâtre de New York. Huée par un public mécontent, elle pousse les vibrations de son instrument au maximum jusqu'au moment où une lumière éblouissante la submerge. Après quoi, elle disparait mystérieusement. Le bruit courut qu'elle aurait été enlevée par des martiens.
C'est en tout cas ce que croit le jeune geek Fran, en cette année 1988 (et non en 1986 comme le signale le pitch officiel). Grand fan de l'artiste disparue, il vient de fabriquer un petit thérémine customisé d'autocollants en tout genre, avec lequel il espère communiquer avec Sarah Clockwork, où qu'elle soit.
Ce qui a commencé comme un simple jeu se transforme en situation d'horreur quand le meilleur ami de Fran, Dani, dit avoir vu des martiens chez lui qui cherchaient à entrer dans l'esprit de ses parents. Les gens autour d'eux semblent se comporter bizarrement, et encore plus quand Fran joue de son thérémine. À vibrations normales, il réveille les morts attirés par cette "pretty" musique et les vivants semblent possédés. Mais à haute fréquence, il les détruit.
Quand Fran découvre sa mère chez lui dans ce même état, il n'a plus aucun doute : attirés par la musique du thérémine, les martiens ont envahi la ville en possédant le corps des habitants. Ils exécutent le plan 9 qui consiste en l'invasion et possession des humains puis en la résurrection des morts pour que tous puissent assister au Grand Récital.
Dani s'est déjà transformé en martien mais quand le tour de Fran arrive, lui, qui vient de casser son thérémine, s'évanouit de terreur. À son réveil, il découvre la ville totalement vide : tous les martiens assistent dans un théâtre, au concert de leur icône Sarah Clockwork. Cette dernière a ainsi pris sa revanche devant un public comblé par sa virtuosité.
À noter
• Il ne s'agit pas d'une adaptation de 👉 Martians, go home !, roman de Fredric Brown comme pourrait l'indiquer son titre international mais bel et bien d'une histoire (très) originale.
• Même si le pitch officiel annonce que l'action se passe en 1986, ce n'est pas possible puisque la plupart des jeux vidéos qui y sont évoqués sont sortis au plus tard en 1988. Et le doc de Brad Shellady n'est sorti lui aussi qu'en 1988. Erreur, anachronisme voulu... en tout cas retenez plutôt 1988.
Le générique est une inspiration directe de celui du Dr Who. Il faut dire que, même si à l'origine de la série britannique, l'instrument utilisé était une nouvelle sorte de synthétiseur, le rendu se prête parfaitement à une adaptation au thérémine. Les sonorités sont identiques. La référence est confirmée par la couverture du journal que le Dani tient dans les mains où on lit en gros titre « Dr Who ».
Le court-métrage s'ouvre sur une chambre que n'importe quel geek envierait. Même si la qualité de l'image est très moyenne, on identifie pas mal de choses : jeux vidéos (et affiches de jeux de Splatterhouse, Target Renegade, Blasteroids et Alien Syndrome tous sortis entre 1987 et 1988 et Space Invaders, le plus mythique des jeux vidéos), pulps magazines (Monster, Robot Monster), comics (Star Trek), posters de monstres (Frankenstein, zombie), affiches de films et de séries TV d'horreur (V, Les dents de la mer, Them, Re-animator, House of Dracula, House of Frankenstein, Massacre à la tronçonneuse et même celle du documentaire sur ce même film sorti en 1988, The Texas Chainsaw Massacre : a family portrait de Brad Shellady), figurines (Godzilla, vaisseau de V), cassettes VHS (Critters, Godzilla), masques (de monstre et de Dark Vador).
Il va de soi que le look de geek de Fran a aussi été très peaufiné : cheveux longs, casquette et veste en jean bardées de divers écussons (comme le logo des envahisseurs de la série V), lunettes, sac à dos à l'effigie de champions de catch etc. Quant à son camarade Dani, au moment du passage obligé au fast-food local, il extrait d'un sac un super album de vignettes à collectionner de monstres.
La suite est un enchaînement de décors, de situations ou de références culturelles et cinématographiques des années 80. Et principalement de films d'invasions.
Les effets spéciaux, les couleurs, les séquences sont tous très qualitatifs.
• Martiens : verts avec deux grands yeux ovales et une grande bouche ronde dentée. Il semble qu'ils ne peuvent s'extraire de leur enveloppe humaine que si l'hôte est vivant (après, c'est sûr, il est mort) Ceux qui possèdent les cadavres restent à l'état de zombie.
• Musique : ils ont un faible pour les sonorités du thérémine. C'est ce qui les a amenés à enlever l'artiste Sarah Clockwork en 1928. Et c'est attiré par le son de l'instrument qu'ils reviennent en 1988.
• Dani Moreno est un acteur, écrivain et réalisateur espagnol surtout connu pour ses courts-métrages, hommages parodiques aux films d'horreur.
On lui doit notamment une trilogie décapante qui comprend Martians Go Home ! (La venganza de Sara Clockwork, 2006), L'attaque du Pénis mutant de l'espace (El Ataque del Pene Mutante del Espacio, 2007) et Amazing Mask contre la femme vaudoo surnaturelle (Amazing Mask vs La Sobrenatural Mujer Voodoo, 2009). Tous disponibles sur Youtube.
• Chema Ponze (Fran) est un réalisateur espagnol de courts et moyens métrages depuis 1990 et l'un des fondateurs du collectif de cinéastes « El Grupo Trauma » en 1991. En 1996, il réalise un court-métrage sur Spider-Man intitulé Peter Parker is Spider-Man, qui est considéré comme le premier « fan movie » réalisé en Espagne. Il apparait de temps en temps comme acteur : Martians go home! de Dani Moreno, Los Maravillosos (2009) ou Mindundis bulk (2013).
• Edu Garcia (Dani)
• Alaska (Sarah Clockwork) est une actrice et chanteuse mexicaine
Dani Moreno Martians Go Home ! ♥♥ (La venganza de Sara Clockwork, 2006)
🏆 dans plusieurs festivals
Existe en DVD en Espagne. Dispo sur Youtube (Qualité : moyenne)
Crédits images & textes ©2021 Erwelyn
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