📚 CHRISTIAN GRENIER - LIV3 OU LA MORT DES LIVRES (1998)

Arrière-plan : la Bibliothèque de Rio de Janeiro

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Quatrième de couverture
Face à la tyrannie des Lettrés qui ont interdit tous les ordinateurs au profit du livre, les Zappeurs propagent un virus qui efface les mots à mesure qu'ils sont lus. Seule Allis est capable d'identifier l'inventeur du virus et de trouver un antidote ...
 

« To Ray Bradbury, of course » (À Ray Bradbury, bien sûr). Telle est la dédicace faite en début de livre à l'auteur de Fahrenheit 451. Si Christian Grenier rend effectivement hommage à ce roman dans lequel les livres sont prohibés et brûlés par des pompiers, il met en place ici une intrigue inversée opposant une société totalitaire qui impose le livre dans tous les foyers et établissements publics, à une organisation d'internautes prête à tout pour revendiquer le droit à l'image et à l'internet. Malheureusement, le virus créé pour déstabiliser les institutions de Lettrés s'avère bien plus destructeur que prévu. Le résultat : les mots s'effacent en cours de lecture laissant des pages blanches pendant que le lecteur, lui, se trouve plongé virtuellement au cœur même du roman.
Il faut voir dans l'œuvre de Grenier, non pas une fissure entre les deux supports que sont le papier et le numérique, mais au contraire une ouverture vers la tolérance, l'acceptation des deux modes d'expression et d'appréhension, la complémentarité possible entre ceux qui n'ont aucune raison de s'opposer.
Ce livre pose plusieurs interrogations notamment autour de la viabilité et l'interaction entre le livre et la virtualité d'Internet, des jeux vidéo, des forums de rencontres, du droit à l'expression sous toutes ses formes. Dans l'univers de L.I.V.3, personne n'a le droit de parler en public sans avoir au préalable obtenu un certain document, le PPP. Si notre société n'a pas encore atteint ce stade de manipulation et de surveillance (quoi que...), il n'en est pas moins qu'on peut commencer à se poser des questions sur l'avenir du livre dans les années à venir face au e-book qui, après plusieurs années de stand-by, s'est désormais totalement démocratisé (2021). Sans compter la source inépuisable d'informations que représentent la toile et les univers et mondes virtuels, véritables sociétés, qui s'organisent parallèlement plongeant les internautes et leurs avatars dans des réalités pixelisées.

Ce roman peut (doit ?) être lu par tout le monde, petits et grands. Malgré une histoire d'amour un peu mièvre mais qui sera plaisante pour les plus jeunes, l'abus des sigles qui nécessite l'usage d'un petit lexique dans les dernières pages et des surnoms quelques peu débilitants (La ZZZ : Zone des Zappeurs-Zinzins), le roman est plaisant, ludique, pédagogique. Christian Grenier insère de nombreuses références qui pourront ouvrir des horizons littéraires aux plus curieux ; on y parle de Céline, de Cendrars, de Kafka et même de la collection Duo (Harlequin).
Quant aux noms des personnages, ils appellent à un petit jeu de déduction et de culture générale rigolo. Quelques exemples dévoilés :
Allis C.L. Wonder : Alice au pays des Merveilles (Wonder = "merveilleux" en anglais) de Lewis Caroll
Emma G.F. Croisset : Madame Bovary de Gustave Flaubert (Emma Bovary & Croisset la ville où habitait Flaubert)
Céline L.F. Bardamu : Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline (Bardamu en est le héros)
Vous trouverez les autres si ça vous amuse. Sans doute faut-il voir aussi quelques clins d'œil de part et d'autres comme dans les titres de chapitres : "L'heure du web" référence à L'heure du wub de Philip K. Dick etc...


Christian Grenier L.I.V.3 ou la mort des livres ♥♥ • Livre de poche jeunesse
 


Crédits images, textes ©2008-2022 Erwelyn - Article publié sur l'ancien blog de la librairie Soleil Vert en décembre 2008 - Ne pas reproduire sans autorisation

 

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K
Je ne connais ni cet auteur ni ce livre, merci pour cette présentation. Je trouve intéressante et intelligente l'approche, c'est-à-dire que les supports papiers et numériques soient présentés comme complémentaires et non pas opposés l'un à l'autre. Comme tu le dis, c'est un appel à la tolérance et cela me plaît. En revanche, trop d'abréviations dans un texte me refroidit d'avance. Le lexique est une bonne idée, mais on ne devrait pas avoir à s'en servir à tout bout de champ pour comprendre ce que l'on lit.
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