17 Décembre 2020
Quatrième de couverture
« Une épaisse couche de mouches grouillantes recouvrit tout le village sans laisser libre le plus petit espace. Le bourdonnement avait cessé, la lumière du soleil avait reparu, mais la vision de cette marée de patte et d'ailes agitées de frémissements n'en était que plus horrible. La couche d'insectes gantait uniformément les cabanes, la camionnette, les hommes, comme si un voile noir fût tombé du ciel. Les mouches grouillaient sur les habits, les mains, le visage, traînant sur la peau leur abdomen froid, et tâtant de la trompe tous les pores. L'impression de chatouillement était atroce, et un insurmontable frisson de répulsion vous secouait les nerfs. En vain cherchait-on à se débarrasser les yeux, le visage, de cette ignoble purée vivante, la place nette était aussitôt recouverte de nouvelles venues refluant comme le flot sur un récif. Et si la terre se muait en un immense essaim de mouches s'envolant dans l'espace. »
Jacques Spitz est un auteur français de littérature et de science-fiction longtemps oublié mais qui peu à peu est ressorti de l'ombre, se dotant maintenant d'une page Wikipédia et d'une réédition sous forme de recueil, Joyeuses apocalypses, chez Bragelonne.
Lui qui refusait l'idée d'être associé au genre science-fictif a pourtant contribué grandement au genre comme le prouvent 👉 La guerre des mouches, L’œil du purgatoire, L'homme-élastique, 👉 L'agonie du globe ou encore 👉 Les signaux du soleil.
Nous voilà donc conduits naturellement [...] à M. Jacques Spitz, qui nous retrace, d'autre part, La Guerre des mouches, dans un roman attribuant - et pourquoi pas ? - l'intelligence aux mouches et les envoyant par myriades à la conquête de l'Europe. Elles envahissent la France, prennent Paris d'assaut et font passer , dit M. Spitz, « le spectre de la connaissance des mains de l'espèce humaine aux pattes de l'espèce mouche .» Bref, une anticipation à la manière Wells...
Écrit en 1938, La guerre des mouches est un petit bijou qui remet en question la suprématie humaine quand, venues d'Asie, des épidémies transmises par des mouches ravagent les populations. Véritable pamphlet à l'encontre du colonialisme, de la dictature et de l'intelligence, c'est aussi un roman catastrophe, un roman de guerre et d'invasion qui mène inexorablement à la fin de l'humanité. Ou du moins, à l'instar de La planète des singes de Pierre Boulle, les quelques survivants finiront comme des animaux en cage.
Sur un rythme mené tambour battant, ce petit livre ne manque pas non plus d'humour.
Jacques Spitz La guerre des mouches ♥♥♥ (1938) • dans Joyeuses apocalypses (Bragelonne) • Nrf Gallimard • Marabout • Ombres (anciennes éditions épuisées)
Crédits images, textes ©2016-2021 Erwelyn - Article publié sur l'ancien blog de la librairie Soleil Vert en janvier 2016 et mis à jour en décembre 2020 - Ne pas reproduire sans autorisation
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