20 Décembre 2020
L'histoire
Jean Podolsky est un peintre désœuvré. Guère inspiré, blasé, dégoûté, il erre dans Paris sans objectif, enfermé dans ses pensées intérieures. Même sa petite amie Armande n'arrive plus à lui rendre la joie de vivre. Jusqu’au jour où, sur les quais de Seine, il croise un étrange savant, Dagerlöff. La verve de ce vieil homme tirent un instant Jean de ses rêveries morbides mais très vite le personnage lui devient insupportable. Car Dagerlöff partage avec lui son obsession de la mort et explique alors sa théorie du voyage dans la causalité. Et si l’homme parvenait à se projeter dans le temps par celle-ci. S’il était capable de voir le devenir de chaque chose au moment où l’on pose son regard dessus ? Alors que Jean se décide enfin à se suicider, le savant lui transmet un bacille, résultat de ses digressions scientifiques. Une nouvelle vie commence pour Jean, plongé à son insu dans cette causalité.
Dernier Exil de Jean-Michel Ponzio est l'adaptation du roman de Jacques Spitz L’œil du purgatoire (1945). Une adaptation osée pour ce qui est sans aucun doute le chef-d’œuvre de Jacques Spitz.
La complexité des réflexions de Dagerlöff n'était pas aisée à retranscrire. Quant à l'ensemble du scénario, qui fait appel à une psychologie profonde, torturée, est tellement sombre, qu'il fallait une grande force pour s'immiscer en elle.
Jean-Michel Ponzio signe deux albums absolument maîtrisés, aboutis. Toute la force du livre est magnifiquement retranscrite. Le dessin, les couleurs aux sépias grisés sont sublimes et collent parfaitement à l'atmosphère de l'œuvre. Ponzio prend un grand soin à poser son personnage et sa réflexion borderline. Il y a une force incroyable, un réalisme extraordinaire dans les traits, mais aussi dans les non-dits. Les bulles qui se superposent cachant les propos d'Armande au profit des pensées de Jean, offrent une sorte de réalité virtuelle. Quelques cases donnent à penser que techniquement, certaines scènes ont pu être des photos, redessinées, colorisées. Ce qui est d'autant plus intéressant quand on voit l'importance que la photo prendra dans une part de l'histoire. Il s'avère effectivement que Ponzio utilise une technique qui mixe photographies et modèles virtuels, ça lui permet de travailler plus vite et de capter des mouvements ou des expressions plus réalistes.
S'il n'est pas utile d'avoir lu le livre de Jacques Spitz pour se plonger dans la BD, je vous conseille néanmoins cet incontournable de la SF française.
Jean-Michel Ponzio Dernier exil, 2 tomes ♥♥ (2007) • Carabas
Jacques Spitz L’œil du purgatoire ♥♥♥ (1945) • Réédité par 👉L'Arbre Vengeur
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